De la surveillance des comptes bancaires à la surveillances des assurances sociales, la notion de sphère privée est à géométrie très variable.
Les jeunes libéraux-radicaux ont rejoint le combat contre la surveillance des assurés aux côtés des socialistes pour défendre la sphère privée.
Souvent, les votations se suivent et les camps changent. Dans cette campagne pour ou contre la surveillance des assurés, on trouve, une fois n'est pas coutume, les socialistes et les Verts en compagnie des jeunes libéraux-radicaux qui avaient lancé No Billag: «Nous refusons cette violation de la sphère privée, écrivent ces derniers, les assurés n'ont pas à être les boucs émissaires parce qu'ils sont plus facilement attaquables.»
Au moins, ces jeunes sont-ils cohérents avec une certaine ligne du parti que leurs aînés ont perdu de vue. Rappelons que des élus du PLR (avec des UDC et autres PDC) avaient lancé l'initiative «Pour la protection de la sphère privée» en 2014. Il s'agissait de sauver leurs avoirs bancaires du regard indiscret des fiscs cantonaux. Eveline Widmer-Schlumpf voulait leur accorder les mêmes droits qu'aux autorités fiscales étrangères. Mais, après la reprise des finances par Ueli Maurer, la menace s'est éloignée et l'initiative a été retirée en janvier dernier.
Déni de contradiction
Aujourd'hui, ce sont les mêmes qui sont les plus fervents supporters de la surveillance des assurés et la sphère privée n'est plus à l'ordre du jour. Bien entendu, il ne voient pas, ou font semblant de ne pas voir, de contradiction. Ils prétextent que d'un côté il s'agit de l'argent privé et de l'autre de l'argent public. Mais, en réalité, c'est en taxant l'argent privé que l'on crée de l'argent public. Celui qui le dissimule au fisc est tout autant fraudeur que celui qui en use indûment. Et les sommes ne sont pas comparables...
Le manque à gagner de la soustraction et de la fraude fiscale est estimé à plusieurs milliards par an, tandis que les sommes détournées par des assurés indélicats sont de l'ordre de quelques dizaines de millions cumulés sur des années. Incidemment, les assureurs conservent des milliards de réserves payées par les primes de tout un chacun. Ils les placent selon leur bon vouloir et font gagner des millions de francs à des intermédiaires financiers protégés par la «sphère privée» des affaires.
Des exemples populaires
Mais la chasse aux petits fraudeurs est plus grisante. Il suffit de sortir quelques anecdotes. Telle rentière AI se promène en chaise roulante depuis des années. Grâce à une filature, un détective découvre un jour qu'elle bondit hors de sa chaise et se met à danser dans un café! Un autre de la Suva, un maçon, ne peut plus rien soulever à cause de son dos foutu. Une rapide observation permet de le surprendre en train de charger des pneus d'hiver dans sa voiture, etc...
Le ressort psychologique de ces exemples est redoutable dans les campagnes. Près de 70% des sondés disent voter oui le 25 novembre prochain, étant convaincu de soutenir une loi juste et nécessaire. Ici, on peut obtenir justice à bon compte. Alors que la sphère privée des gros fraudeurs a un diamètre si grand qu'elle restera à jamais une chimère hors de leur portée.
Article paru sur LeMatin.ch ce mardi 6 novembre.
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