27 juin 2022

La « bonne » affaire des constructions illicites de Verbier

Dieu pardonne, moi pas. 


La population de Bagnes ne méritait pas ça. L’affaire des constructions illicites de Verbier semblerait donc close : le Gouvernement valaisan a décidé d’y mettre fin, du moins au plan administratif. La justice serait bien inspirée de ne pas se contenter de cette curieuse mansuétude. On peut toujours rêver…

Dix mois après le dépôt, par les autorités communales de Val de Bagnes, du rapport indiquant comment les cas litigieux ont été régularisés, le Conseiller d’État Frédéric Favre a livré à la presse les conclusions de la commission ad hoc chargée de le valider. 

Curieusement, l’historique qu’il présente aux médias ne débute qu’en 2016, soit au moment où l’État somme la commune d’appliquer la loi. 

Malheureusement, à ce moment-là, l’essentiel du mal est déjà fait. 

En 2012 déjà, le Tribunal Fédéral avait donné l’ordre à la commune de respecter les lois. Si l’autorité de surveillance, à savoir l’État, avait fait son travail, l’affaire des constructions illicites aurait rapidement avorté.

En 2012, la construction battait son plein à Verbier, et c’est bien à cette époque (2012-2016) que les projets illicites les plus extravagants ont pu prospérer en toute impunité. 

En 2015, les médias étalent le scandale sur la place publique, d’où la sommation du canton qui intervient l’année suivante. On parle alors d’une quinzaine de dossiers litigieux (et non de 289 cas sérieux, comme le relève Le Matin Dimanche) ! Cette prise de conscience tardive de l’État a sans doute contribué à cet immense gâchis, qui aurait pu être évité, ou du moins fortement atténué.

La commune a donc retrouvé le droit chemin, après une longue traversée du désert, et c’est tant mieux. La population de Bagnes ne méritait pas l’opprobre dont elle a été l’objet.

Mais au fait, à qui ce crime a-t-il donc profité ?

Pas aux autorités qui ont permis les constructions illicites, du moins je l’espère. Comme le relève le conseiller d’État PLR, la majorité PDC a été sanctionnée en perdant son leadership au profit des libéraux-radicaux. C’est oublier un peu vite que ceux-ci étaient bien présents au Conseil au moment des faits, puisqu’ils en avaient la vice-présidence. Ils en ressortent donc gagnants.

Mais à qui le crime a-t-il encore plus profité ? 

A certains milieux de la construction qui tirent habilement leur épingle du jeu, par exemple ? Ce sont eux qui ont clairement profité de cette situation. 

A lire le Nf, on comprend que les décisions litigieuses n’ont pas pu être révoquées en raison du principe de proportionnalité. La « bonne foi » est aussi invoquée. Certains architectes, promoteurs ou propriétaires prétendraient (sans rire) qu’ils ignoraient transgresser les lois et il semble qu’on les ait crus. Allons donc, de qui se moque-t-on ?

Reste ce constat inquiétant : au vu du résultat, l’opération qui consistait à construire des chalets de luxe illicites a été une excellente affaire financière, compte-tenu des modestes amendes infligées et même du trou d’une piscine rebouché.

Pour quelles bonnes raisons se priveraient-ils désormais d’astuces aussi lucratives, de tours de passe-passe, voire de tricheries en tous genres qui risquent bien finalement de demeurer impunies ?

 

Antoine Cretton 

 

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