7 août 2020

« Fucking bitch »

Il y a quelques jours de cela, le député républicain Ted Yoho insultait la députée socialiste démocrate Alexandria Occasio-Cortez sur les marches du Capitole des Etats-Unis, bâtiment qui sert de siège au Congrès. « Fucking bitch » ou « putain de salope », étaient les mots qu’il a utilisés, devant des témoins et la presse, en toute impunité. L’homme s’est excusé depuis en expliquant « étant marié depuis 45 ans et père de deux filles, je suis conscient de mes mots ». La plus jeune jamais élue au Congrès américain lui répondait ce 23 juillet par un discours engagé et militant.



Cette situation n’est malheureusement pas un incident isolé, il est bien culturel. Le fait qu’un homme, puissant ou non, puisse en tout impunité traiter une femme de la sorte, aux yeux de tous, permet une certaine forme d’acceptation de cette violence verbale dans notre société. Cette attitude déshumanisante envers les femmes est totalement irrespectueuse et inacceptable. Pas besoin de traverser l’Atlantique pour entendre de tels propos, chez nous le sexisme est tout autant ancré. Dans la première partie de son discours, Alexandra Occasio-Cortez condamne non seulement l’attitude condescendante de son attaquant mais également le fait d’utiliser les femmes de son entourage comme argument prouvant son respect. « Avoir une fille ne rend pas un homme convenable. Avoir une femme ne rend pas un homme convenable. Traiter les gens avec dignité et respect est ce qui rend un homme convenable » a-t-elle répondu.

La jeune femme accuse le coup et porte son expérience pour une cause plus grande, celle du vivre-ensemble. De manière générale, discriminer une autre personne pour son genre ne devrait tout simplement plus être admis dans notre société actuelle. Ne rien en dire c’est donner la permission que cela continue. Vouloir répondre par le même schéma vulgaire et puéril c’est tout autant la perpétuer. Le meilleur moyen pour que la discrimination ne se répète plus, c’est de l’arrêter quand elle nous arrive. Par la simple affirmation « je ne suis pas d’accord », c’est déjà remettre à sa place l’acte discriminant et donner de la valeur à celui ou celle qui en a été la victime. En affirmant cela, nous ne lui laissons plus sa place dans l’espace public et nous permettons que la vie reprenne, sereinement et cordialement. En démontrant par nos actes, que le genre féminin et celui masculin ne sont pas si éloignés et définis que certains le disent, c’est redonner toutes les couleurs à notre société.

Maman de deux petits garçons, je me sentais tout d’abord chanceuse les pensant plus en sécurité de cette problématique. Mais bien que je n’aie pas de petite fille à qui apprendre à se défendre, j’ai deux petits individus à qui apprendre le respect et le consentement. Une fois que j’ai compris cela, j’ai compris la responsabilité que j’avais d’éduquer mes fils à faire en sorte que demain, plus aucun homme n’ose traiter une femme de la sorte.

Roxanne Di Blasi Giroud

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