Dans l’article consacré le 16 juillet dernier par le NF à l’instruction pénale dans l’affaire des constructions bagnardes, le porte-parole du PDC de Bagnes réfute tout amalgame entre son parti et l’affaire des constructions illicites de Verbier. Effectivement, le fait que les 5 personnalités concernées par l’instruction pénale soient toutes issues du même parti n’implique pas une propension particulière du PDC ou de ses membres à l’irrespect des lois. A l’inverse, l’amalgame qui voudrait que le PDC soit l’acteur principal des changements intervenus pour mettre fin à ces affaires serait tout aussi abusif, pour toutes sortes de raisons.
D’abord parce qu’en 2017, le conseil communal a jugé préférable de confier le dicastère des constructions à l’un de ses membres qui n’était pas issu de la majorité PDC. La commission des constructions a d’ailleurs été composée de 2 membres issus des minorités politiques, Anne-Michèle Lack, libérale-radicale et moi-même, membre d’Entremont Autrement, ainsi que d’un membre du PDC qui, en tant que nouvel élu, n’avait pas pris part aux affaires, le vice-président Jean-Baptiste Vaudan. Cette composition a sans doute été déterminante quant à la volonté de la municipalité de réparer ses erreurs, comme l’a d’ailleurs relevé l’expert Jean-Luc Baechler dans son rapport (*).
Affirmer que leur tâche a été aisée demanderait un gros effort d’imagination. Pour rappel, c’est bien la majorité du Conseil général, PDC et PLR confondus, qui a refusé le budget 2019 du dicastère des constructions, ce qui n’a pas facilité le travail de régularisation à opérer. Ce sont ces mêmes majorités qui ont obtenu qu’un audit soit lancé contre le service des constructions et même qu’il soit décapité à un moment où sa tâche était la plus délicate. Enfin, ce sont bien des élus PDC du Gouvernement cantonal qui ont initié la sommation adressée à la commune, non parce que le travail entrepris n’était pas adéquat mais parce que son exécution n’était pas assez rapide à leurs yeux (comme l’a affirmé le Conseiller d’État Jacques Melly sur Canal 9, par ici).
On peut en tirer plusieurs conclusions, sans doute valables dans toutes les communes du canton. Les promoteurs et les entreprises liées à la construction, soucieuses d’obtenir des mandats publics, vont en général renforcer les majorités politiques les mieux placées pour répondre à leurs besoins. Il n’est donc pas surprenant que ces majorités soient plus fréquemment impliquées dans les scandales.
L’un des meilleurs garde-fous à opposer aux pratiques illicites est d’assurer, en matière de gouvernance, une diversité politique et de genre suffisante pour éviter que des monopoles s’installent et dictent leur loi. Et cela vaut tout autant pour les instances cantonales que communales.
On se plaira quand même à souligner qu’au cours de la présente législature, les dossiers de construction ont été traités correctement, dans le respect des lois. Le reste relève des instances judiciaires qui doivent, elles aussi, faire leur travail.
Antoine Cretton
Conseiller communal
Bagnes
(*) Extrait du rapport Baechler, pages 29 et 30 : "Par ailleurs, il convient aussi de se pencher plus particulièrement sur l’état d’esprit de la Commission des constructions : pour la législature en cours, elle est composée de trois membres du Conseil municipal, à savoir M. Antoine Cretton (président), M. Jean-Baptiste Vaudan et Mme Anne-Michèle Lack (...) ; en outre, on ne retrouve aucun membre de la Commission des constructions de la législature précédente dans l’actuelle. Ainsi, cette constellation offre indéniablement une garantie supplémentaire d’objectivité et de fraîcheur d’esprit par rapport aux dossiers anciens à traiter et aux nouveaux dans l’application stricte des normes en vigueur sans avoir à (...) se focaliser sur des pratiques du passé dont les membres actuels ne sont, par la force des choses, pas à l’origine."
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