Cette initiative, lancée par l’UDC (malgré ce que l’on voit sur les affiches), ressemble à s’y méprendre à l’initiative contre l’immigration de masse, qui laisse encore des séquelles dans notre société. A l’époque, le peuple suisse s’était en effet prononcé en faveur de l’initiative et avait contribué à suspendre certains accords bilatéraux entre la Suisse et l’UE, accords qui ne concernaient pas uniquement la libre circulation des personnes. En effet, lorsque deux entités négocient, il est généralement assez rare de voir un des deux partis ne prendre que ce qui est à son avantage, tout en laissant le pot-pourri à son nouvel allié. L’UE, peu contente finalement de la politique suisse qui consistait à dire “on veut tout ce qui nous est bénéfique sauf ce qui l’est pour vous”, avait donc puni en quelque sorte la Suisse, par exemple en suspendant les accords de mobilité et de financement pour la recherche.
Cependant nous sommes ici face à une situation qui pourrait se révéler bien plus grave encore. L’initiative demande que la Constitution Suisse prime sur les accords passés et ratifiés avec diverses entités comme l’UE, le Conseil de l’Europe, ou encore certaines décisions onusiennes. Ainsi, si la Suisse, soumise de sa propre volonté à ses traités, en venait à ne plus les respecter parce que la Constitution suisse s’oppose à la législation internationale, elle devrait renégocier ou dénoncer des accords qui ont été conclus auparavant. Il ne s’agirait plus dès lors de négocier avec l’UE, mais avec de nombreuses autres instances, composées parfois de plus d’une centaine d’autres pays, ce qui semble objectivement placer la Suisse dans une position de négociation plus que difficile et souvent plus qu’impuissante. À l’heure de la mondialisation désirée ou non, la Suisse s’inscrit dans un réseau international régi par des lois que tous les pays signataires sont obligés de suivre. Ce droit a été construit par la Suisse également dans sa participation à la politique mondiale et si nous nous présentons plutôt comme bon élève sur le plan du respect des traités et lois internationales, je crois que nous devrions plutôt en être fiers. Tous les pays n’ont pas érigé aux principes de leur constitution le respect des engagements pris ; et ce n’est pas parce qu’il existe des mauvais élèves en la matière que la Suisse doit se demander si elle ne peut pas faire pareil. Ne nous mesurons pas à la Russie ou à la Turquie, mais agissons plutôt en pays conscient et fidèle à ses promesses. Le droit international et les traités que la Suisse a conclu ont été voulus : or, peut-on tous les remettre en cause alors que chaque trois mois le peuple suisse est appelé à voter, est entendu, est souverain en son pays sur sa politique universelle ? Peut-on laisser quelques cas particuliers remettre en cause tout notre fonctionnement et nos relations internationales ? Peut-on laisser les initiant-e-s nous faire croire que l’on ne peut s’exprimer sur aucun sujet sans être brimé par l’UE ou les autres ? Ne peut-on pas simplement se demander si l’autodétermination ce n’est pas finalement accepter des décisions prises par le passé en connaissance de cause ?
Jasmine Lovey
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