14 septembre 2017

Entretien exclusif avec Christophe Darbellay (1)

En ce début d'année scolaire, notre rédaction a voulu s'intéresser plus particulièrement à l'école, l'un des thèmes centraux de notre engagement. Nous avons donc adressé quelques questions à Christophe Darbellay, nouveau conseiller d'Etat en charge de l'économie et de la formation. Ne le remercions chaleureusement d'avoir pris le temps de nous répondre. Etant donné sa longueur, nous publions ce texte en deux volets.

EA: Dans votre programme de campagne, vous affirmiez vouloir « renforcer les acquis de l’école valaisanne en évitant les mesures d’économie affectant la qualité éducative ». Peut-on comprendre que, maintenant que vous êtes en fonction, c’est la fin des mesures d’austérité dans le domaine de la formation?
Christophe Darbellay: Le domaine de la formation a subi durant ces dernières années plusieurs coupes budgétaires assorties de mesures d’économie aussi nombreuse que diverses. La contribution de l’école valaisanne a en effet été très importante aussi bien en terme de millions d’économies que de postes perdus. Aller au-delà pourrait péjorer la qualité de l’enseignement dispensé à nos élèves, car cela toucherait la substance même de l’école. Ainsi, il y a une volonté de réfléchir aux mesures ETS2 déposées afin de préserver la qualité globale de notre enseignement et de maintenir, voire d’améliorer encore, notre excellente place dans les comparatifs inter-cantonaux. C’est la raison pour laquelle, à l’avenir, un budget fort sera défendu pour l’éducation qui a déjà consenti à suffisamment de sacrifices. Enfin il conviendra d’anticiper les variations d’effectifs afin d’adapter les éventuelles mesures d’économie. 

Vous souhaitiez également « revaloriser le métier d’enseignant de l’école obligatoire en lui accordant tout le respect qu’il mérite ». Cela inclut-il également une éventuelle revalorisation salariale pour les enseignants des cycles I et II? Si oui, dans quelle mesure?
Les enseignants de l’école primaire ont vu leur situation revalorisée à partir de l’année scolaire 2012/13 par une augmentation de 200 CHF par mois. Le temps dû pour le plein temps a également été diminué d’une période. Un montant forfaitaire a aussi été octroyé aux titulaires de classes, en plus du salaire de base. Ces différentes améliorations ont permis aux enseignants primaires de se situer au-dessus de la moyenne suisse.
Le renforcement du rôle du titulaire contribuera également à une revalorisation. La reconnaissance du métier d’enseignant par les autorités politiques est indispensable.
Il faut également analyser la situation des enseignantes de l’ancienne école enfantine afin de ne pas péjorer leur statut. Il convient aussi de relever que la baisse du nombre de périodes correspond à une augmentation de salaire de 1/33e. 

Soutenez-vous l’insertion des élèves allophones dans les classes ordinaires ou privilégiez-vous un placement dans des classes séparées? Et pour les élèves en situation de handicap?
La future ordonnance concernant la nouvelle loi sur l’enseignement spécialisé ne prévoit pas de modifications majeures, mais renforce les pratiques actuelles favorisant l’inclusion. Les élèves allophones doivent pouvoir bénéficier de cours de soutien spécifiques et du bain linguistique et culturel d’une classe ordinaire. Les élèves en situation de handicap doivent pouvoir avoir accès à l’intégration. Une analyse individuelle est réalisée par les conseillers pédagogiques de l’enseignement spécialisés, en collaboration avec les parents et les professionnels. Des solutions alternatives restent prévues pour certaines situations.

Plusieurs programmes efficaces d’échanges linguistiques existent déjà dans notre canton bilingue. Que pensez-vous de la proposition de Philippe Nantermod de rendre les échanges linguistiques obligatoires dans le cursus scolaire? Envisagez-vous d’autres moyens de promouvoir les échanges entre le Haut et le Bas du canton?
Le rapport de l’agence Movetia montre que le Valais est le leader suisse dans les échanges. La conférence de presse de la rentrée mettait l’accent donné sur une volonté de développement de l’enseignement des langues et sur le bilinguisme. Ainsi, nous avons une volonté de développer les possibilités d’échange linguistique et de permettre à chaque élève de concrétiser l’apprentissage de la L2. Actuellement, on tend notamment vers une généralisation des échanges au CO. Pratiquement tous les cycles d’orientation sont concernés. Une piste reste peut-être à explorer : trouver des enseignants qui seront prêts à enseigner dans l’autre partie linguistique et favoriser des échanges dans toutes les parties de la Suisse, en début de carrière par exemple.

(à suivre vendredi...)

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