Le canton du Valais se dote d’une loi sur le climat dont la consultation de l’avant-projet se terminait la semaine dernière. Soucieux de cette thématique, Entremont Autrement s’est attelé à la question par l’intermédiaire d’un groupe de travail regroupant des élus et élues, des membres de son comité ainsi que des sympathisants sensibles à la question.
De manière générale, le projet est honnête et précurseur notamment dans son élaboration d’un plan climat, d’un conseil scientifique du climat ainsi que par sa considération de la biodiversité dans son sens large. Entremont Autrement regrette cependant la temporalité dans laquelle s’inscrivent les mesures. Celles-ci s’engagent à atteindre l’objectif de zéro émission directe nette d’ici 2040. Nous sommes en retard et nous en payons aujourd’hui les conséquences. Il est temps d’agir bien plus vite ! En effet, cet été 2022 plante sous nos yeux les effets directs de l’urgence climatique dans laquelle nous sommes. Tous les scientifiques sont unanimes, il est encore possible d’inverser la tendance mais pour cela nous devons nous y mettre de manière drastique et immédiate. N’ayons pas peur d’y aller franchement !
En 10 points prioritaires, voici notre retour sur la consultation pour laquelle Entremont Autrement préconise :
- Le désengagement total des investissements cantonaux dans les fonds soutenant non seulement l’industrie pétrolière et gazière mais également toute activité ayant un impact sur l’environnement, de même que les multinationales ayant des modes de financement peu clairs et contribuant par leurs activités et investissements au changement climatique (art. 1 Buts).
- L’inscription des notions telles que circuit court, économie circulaire et services écosystémiques dans le cadre de la loi cantonale (art. 2 Objectifs climatiques cantonaux).
- L’exemplarité de l’administration cantonale en matière d’efficience énergétique notamment dans sa stratégie d’investissements et de gestion du fonds FIGI. Cela devra passer notamment par la priorisation de l’assainissement énergétique de son patrimoine bâti ainsi qu’une étude des modes de déplacement de ses collaborateurs et collaboratrices (art. 3 Objectifs climatiques pour l’Administration cantonale).
- Que tous les domaines importants (art. 5 Mesures) tels que l’éducation, le tourisme, la culture, le gaspillage alimentaire et le sport tiennent dûment en compte des objectifs climatiques dans leurs stratégies et programmes. De plus, nous souhaiterions que le Conseil d’Etat s’assure (et non pas « veille ») à ce que les mesures soient prises de manière coordonnée et efficiente, et qu’elles soient socialement équitables. La notion « économiquement équilibrées » n’est pas nécessaire face à l’urgence dans laquelle nous sommes.
- L’ajout (toujours pour l’art.5 Mesures) de la notion de « zone climatique locale » au niveau du plan directeur cantonal, essentielle à la requalification portant sur les îlots de chaleur, microclimats et conforts thermiques.
- Que l’ensemble des autorités et administrations publiques cantonales priorisent (et non « prennent en compte ») les enjeux climatiques. A noter également le besoin d’y ajouter la notion d’écosystème (art. 6 Prise en compte des enjeux climatiques).
- L’ajout d’un point supplémentaire (art. 8 Conseil d’Etat) qui permette de s'assurer que les membres de l'administration cantonale soient formés sur les enjeux climatiques.
- La spécification de notion d’indépendance du conseil scientifique du climat (art. 10 Conseil scientifique du climat).
- La priorisation des enjeux climatiques des communes dans l’accomplissement de leurs tâches (art. 11 Communes).
- L’accompagnement de la population aux changements climatiques (art. 14 information, sensibilisation et participation citoyenne).
Pour conclure, Entremont Autrement souhaite vivement remercier les nombreuses personnes qui ont œuvrés (et qui lutteront encore) pour la mise en application de cette loi si essentielle et prioritaire. Le fait qu’elle se base sur les données scientifiques les plus récentes nous rassure. De plus, la création d’une réserve climatique de 150 millions de francs afin de financer des projets et des mesures de plus grande envergure est une très bonne nouvelle pour le canton.
De plus, sachez que cette loi n’en est qu’à son avant-projet. Cela signifie qu’une longue route l’attend encore avant sa mise en application. Elle doit passer devant le Gouvernement (Conseil d’Etat) puis devant le Parlement (Grand Conseil) en une ou deux lectures. Peut-être même devra-elle revenir devant le peuple en votation si les élus·es ne prennent pas leurs responsabilités. Vous l’aurez donc compris, cela prendra encore un peu de temps et nous aurons besoin de vous.
Enfin et de manière plus générale, nous sommes très surpris par les propositions de projets cantonaux visant systématiquement, bien que « vert » et « durable », à continuellement consommer toujours davantage avec moins de ressources en se lançant dans des projets faramineux et tous plus ingénieux les uns que les autres. La question ne serait-elle pas la bonne ? Ne devrions-nous pas commencer par drastiquement changer de regard et nous demander plus généralement comment consommer moins, ou du moins ce dont nous avons réellement besoin ?
Parait-il que ce soit mathématique, plus (d’énergie) et moins (de ressources) ont toujours donnés des résultats négatifs.
J'abonde dans le sens du groupe de travail d'EA.
RépondreSupprimerMERCI Roxanne et MERCI à ton équipe