27 septembre 2018

Conseiller minoritaire à Bagnes

Déjà vingt mois écoulés depuis mon entrée en fonction à l’exécutif de la commune de Bagnes. Entremont Autrement ayant le souci de la transparence dans les affaires publiques, je me prête volontiers à l’exercer.

Que peut donc bien faire un élu EA dans une commune qui n’a connu jusqu’ici que des élus des partis de droite ? Quelles sont ses prises de position et comment sont-elles accueillies par les élus de la majorité et par les autres membres du Conseil ?

Lors de mon entrée en fonction, j’avais le choix entre deux postures : celle d’un minoritaire intransigeant qui remet tout en question ou celle d’un conseiller municipal soucieux du bien public qui questionne les pratiques traditionnelles et qui contribue à leur évolution lorsqu’elles ne concourent pas ou plus à une saine gestion de la commune. C’est cette posture que j’ai adoptée, conscient qu’on ne fait pas la révolution tout seul, que la critique et la dénonciation publiques suffisent rarement à la résolution des problèmes et qu’un élu a d’abord le devoir de faire en sorte que les affaires publiques soient gérées le plus correctement possible.

Dans cet esprit, je m’attache plus particulièrement à remettre sur les rails le convoi des autorisations de construire, malmené depuis des années.

La tâche est souvent ingrate. On peut bien imaginer qu’elle ne suscite pas la reconnaissance émue de certains professionnels de la construction qui ne sont pas à la fête depuis que le peuple a décidé d’interdire toute nouvelle résidence secondaire dans la vallée.

Passée la première tempête médiatique, l’heure est à la réparation.

La commune a acquis une réputation dont elle se serait bien passée. La chasse aux coupables est donc ouverte et les adeptes de ce sport sont les premiers à tirer sans sommation. Comme souvent en Valais, la justice traîne les pieds. Il faut bien que les avocats vivent. Exclu de l’administration, Gabriel Luisier est plus que jamais déterminé à briser le "système" et tire à bout portant sur ses cibles préférées. Il faut que quelqu’un paye ! La méfiance de l’État s’est encore accrue d’où des exigences renforcées : pendant que les fusils sont pointés vers la commune, on oublie que le canton s’est montré assez peu vigilant au cours des années les plus prospères. Certains milieux de la construction, enfin, ont choisi pour cible le service des constructions communal, trop prompt selon eux à respecter des lois qui jusqu’ici pouvaient si aisément être bafouées.

Bref, le climat n’est pas toujours rose et nos collaborateurs doivent se montrer agiles pour éviter les balles perdues. Il est grand temps que cet épisode - qui est sans doute une étape incontournable vers la rédemption - s’achève pour que toutes les énergies disponibles puissent enfin se consacrer à la reconstruction.

C’est le souhait le plus cher du conseiller minoritaire qui, dans ce cas, doit veiller à limiter les dégâts tout en maintenant le cap. Mais n’est-ce pas le rôle de tout élu ?

 Antoine Cretton
Conseiller communal, Bagnes

2 commentaires:

  1. Je n'aurais pas dit mieux! Bravo Antoine et bon courage! Il en faut des comme toi et c'est pratiquement un pléonasme de dire qu'ils sont minoritaires! À défaut d'une course en vue d'une adhésion à EA, je suis certain que tu suscites le respect de tous, y compris les majoritaires.

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  2. Monsieur le Conseiller communal,

    A juste titre, vous dites vouloir faire évoluer les pratiques traditionnelles "lorsqu’elles ne concourent pas ou plus à une saine gestion de la commune."

    Vous avez raison.

    Ceci posé, vous devez constater avec moi qu'il est de l'intérêt communal de faire entrer environ 4 millions de Frs dans les caisses de la commune lorsque des gains illicites doivent être confisqués comme le prévoient la loi sur les construction et la directive communale y relative.

    C'est exactement la situation du dossier de la parcelle 2841.

    Comme vous le savez, le Président et le secrétaire avaient signé, sans l'aval du Conseil communal, seul organe compétent en la matière pourtant, le permis d'habiter de cet immeuble en qualifiant de mineurs les 135 m2 construits en plus des plans autorisés.

    Vous devez aussi admettre avec moi que la société qui a pu vendre cet immeuble grâce au permis d'habiter que requérait l'acheteur, a bel et bien réalisé des gains illicites phénoménaux. En fonction des m2 exacts et du prix de vente, le Président et le secrétaire ont donc permis, selon la directive communale en la matière, un enrichissement illégitime des promoteurs de 3,5 à 4,5 millions de Frs.

    Je passe sur le mur construit non mis à l'enquête publique et construit sur la route communal, sur les expropriations dignes du far-west, sur les modifications de façades non mises à l'enquête publique et sur les travaux en cours jamais mis à l'enquête publique non plus.

    Il est vrai qu'en 2015, au moment où le Président et le secrétaire de la commune de Bagnes commettaient ces infractions, vous n'étiez pas encore élu et que vous n'êtes pour rien dans les infractions commises.

    En revanche, aujourd'hui vous êtes bien en place et il vous appartient de régulariser les infractions précitées.

    Dans le cas qui nous occupe, faire évoluer les pratiques traditionnelles est une chose aisée et très agréable :

    - Faire rentrer 4 millions dans la caisse communale en confisquant les gains illicites comme le demande la Loi;

    - Si d'aventure la prescription devait être atteinte, dénoncer pénalement les auteurs des infractions et agir au sens de la Loi sur la responsabilité des collectivités publiques et de leurs agents en appelant en responsabilité les auteurs des infractions pour le dommage qu'ils ont causé à la commune de Bagnes.

    Ne pas le faire, c'est non seulement ne pas faire évoluer les pratiques traditionnelles mais c'est aussi s'en rendre le complice.

    La commune de Bagnes a besoin de Conseillers communaux "autrement".

    A vous de jouer et ne de pas faire comme les autres.

    Vous serez moins seul autour de la table lors de la prochaine législature et le calme sera revenu.

    Bon Foire du Valais.

    Gabriel Luisier

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