5 octobre 2015

Requérants d’asile et réfugiés en Valais ; questions posées à Françoise Jacquemettaz, Présidente de l’Association Suisses-Immigrés

Françoise Jacquemettaz est depuis de nombreuses années présidente du Centre Suisse-Immigrés qui propose des projets d'intégration, notamment par l'enseignement du français, ainsi qu'une protection juridique afin d'aider les migrants dans leur quotidien. Entremont Autrement a voulu en savoir plus sur les efforts qui étaient faits pour accueillir et intégrer les requérants d'asile en Suisse et en Valais, et Françoise Jacquemettaz a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses.

Entremont Autrement : l’UDC accuse les réfugiés de coûter cher à la société et de recevoir de l’aide sociale alors qu’ils ne font rien ; pouvez-vous nous expliquer ce que coûte un réfugié et quel est le montant de l’aide sociale qu’il reçoit ? La situation est-elle différente pour un requérant ? 

Françoise Jacquemettaz : Un réfugié statutaire reçoit les mêmes prestations qu’un Suisse à l’aide sociale, soit le minimum vital de Fr. 986.- pour une personne, Fr. 2'110.- pour une famille de 4 personnes, logement, caisse-maladie et frais médicaux de base à la charge du Secrétariat d’Etat aux migrations (en Valais par le biais de la Croix-Rouge Valais) et, après 5 ans, de la commune de résidence. Un requérant d’asile reçoit Fr. 490.- par mois pour son entretien ; le logement (2 personnes par studio par exemple), caisse-maladie et frais médicaux de base sont à la charge de la Confédération qui verse au canton un forfait par demandeur d’asile.

Entremont Autrement : La loi sur l’asile s’est durcie ces dernières années ; quelle est la mesure qui a eu l’impact le plus négatif en matière d’insertion et pourquoi ?

Françoise Jacquemettaz : L’aide d’urgence aux déboutés du droit d’asile est une des mesures qui a un impact négatif en matière d’insertion. En effet, les demandeurs d’asile, notamment les familles avec des enfants qui se trouvent dans cette situation végètent, certains durant plusieurs années dans une situation très précaire : Interdiction de travailler, une aide réduite au minimum, Fr. 10.-/jour par personne adulte et Fr. 6.-/jour pour un enfant… Pour quelques-uns d’entre eux, des demandes de réexamen ou des demandes de reconsidération du renvoi adressées aux autorités fédérales et qui sont en attente d’une réponse vivent durablement dans ces conditions.

Entremont Autrement : En Valais, quelle est votre expérience sur la pratique d’accueil des requérants/réfugiés et leur insertion?

Françoise Jacquemettaz : Les mesures d’insertion prise en Valais pour les requérants d’asile et les réfugiés statutaires sont adéquates ainsi que l’accueil et le suivi qui leur est accordé tout au long de leur procédure d’asile et dès le moment où le statut de réfugié leur est reconnu par le SEM. 

Entremont Autrement : Quelle est la durée moyenne d’attente pour une décision finale sur l’octroi ou non du statut de réfugié ? Que se passe-t-il avec les personnes qui n’ont pas obtenu le statut de réfugiés mais qui ne sont pas expulsées dans leur pays d’origine ? 

Françoise Jacquemettaz : difficile de donner une réponse précise sur la durée des procédures d’asile. Cela peut aller d’une année à deux ou trois ans avant que le SEM ne se détermine sur le bien-fondé d’une demande de protection. Pour les personnes qui n’obtiennent pas le statut de réfugié mais une admission provisoire (permis F), la prise en charge reste aux mains des foyers qui suivent leur dossier et ils reçoivent les mêmes prestations que les demandeurs d’asile ordinaires (permis N). Une petite distinction pour les personnes qui obtiennent un permis F qualité réfugié (permis F politique selon les requérants) qui bénéficient des mêmes prestations sociales que les réfugiés statutaires et qui sont suivis par la Croix-Rouge Valais.

Entremont Autrement : En Valais, comme dans d’autres cantons romands, l’UDC arrive facilement à jouer avec les peurs des habitants et les poussent à s’opposer aux ouvertures de centres d’accueil, et ce malgré les expériences positives préalables dans d’autres communes ; que faire pour rassurer les habitants? 

Françoise Jacquemettaz : il est clair que l’UDC use de cette tactique à des fins électorales et arrive par ce biais-là à jeter l’opprobre sur les demandeurs d’asile venus chercher la protection des autorités suisses et à discréditer les efforts consentis par les autorités cantonales, le Service de Mme Esther Waeber-Kalbermatten en particulier, pour intégrer au mieux ces migrants. Ce que l’on constate quelques semaines après la venue de requérants d’asile dans les foyers qui leur sont destinés, c’est que la population locale s’investit pour proposer bénévolement son aide sous toute forme de proposition : cours de français, transport, animations, échanges, voire même ces derniers temps un hébergement… Malheureusement, ce sont les phrases « choc » distillées depuis fort longtemps par l’UDC qui font mouche parce qu’il est plus facile de faire passer un message simpliste et inexact que de démontrer que la population dans son ensemble est solidaire des plus démunis, y compris les demandeurs d’asile.

Entremont Autrement remercie Françoise Jacquemettaz pour le temps qu'elle a bien voulu consacrer à cet entretien. 

1 commentaire:

  1. MERCI madame Jacquemettaz.
    Merci pour le travail que vous faites auprès de ces personnes en situation difficile et
    Merci d'avoir pris le temps de nous éclairer sur ce qu'il en est dans ce domaine.
    Vos réponses contredisent les nombreux clichés stigmatisant en bloc les immigrés.

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