14 septembre 2019

Vers la transition énergétique avec John Gault

Résumé en français de l’article « Managing the Energy Transition: We Can All Do Better » de Nordine Ait-Laoussine et John Gault paru dans [Journal of World Energy Law and Business, July 2019]

La transition énergétique avance trop lentement pour limiter le réchauffement climatique à 1.5°C, la cible convenue par 195 gouvernements à Paris en 2015. Le rapport du GIEC publié en octobre 2018 a réitéré l’insuffisance des mesures prises à ce jour, même dans l’hypothèse d’un durcissement des efforts après 2030.

Tous les acteurs de la scène énergétique mondiale sont responsables de ce retard dans la transition :

  • Les gouvernements des pays producteurs et exportateurs de pétrole continuent à se concentrer sur la stabilisation du prix à court terme, et avancent à petits-pas vers la diversification indispensable à long terme de leur économie.
  • Les grandes sociétés internationales de pétrole et de gaz naturel montrent une incohérence entre leurs positions annoncées et leurs actions effectives.
  • Les gouvernements ont généralement eu recours à des subventionnements, des taxes et des réglementations visant spécifiquement certaines sources d’énergie, prises individuellement. Cette approche doit être abandonnée au profit d’une taxe carbone en vue de mettre toutes les formes alternatives d’énergie sur le même pied d’égalité.
  • Les consommateurs d’énergie, malgré leur préoccupation pour l’environnement, protestent si les changements de comportement ou les coûts liés à l’atténuation du changement climatique ne sont pas équitablement répartis.


A présent, les pays producteurs et exportateurs de pétrole, partenaires dans l’accord OPEP / NON-OPEP, restreignent leur production dans un effort de soutenir le prix. Mais cet effort ne peut pas être poursuivi perpétuellement. Le besoin global de leur approvisionnement est en train de diminuer, et ne remontera peut-être jamais. Ces pays, en général, n’ont pas assez investi pendant des décennies pour diversifier leur économie et pour diminuer leur dépendance à l’égard des revenus générés par l’exportation du pétrole. Aujourd’hui, le processus de diversification de leur économie est devenu plus qu’urgent. Leur dépendance retarde la transition énergétique mondiale. Beaucoup de ces pays bénéficient d’un énorme potentiel pour exploiter des énergies renouvelables, comme le solaire, mais continuent malgré tout d’investir massivement pour prolonger leur production d’hydrocarbures.

Les grandes sociétés internationales de pétrole et de gaz naturel, malgré leurs efforts de se présenter comme engagées à protéger l’environnement, ne dépensent qu’une petite partie de leurs investissements annuels dans les énergies renouvelables. Pour les cinq plus grands Majors, l’investissement dans les technologies « pauvres en carbone » est estimé pour cette année à environ 3% de leurs investissements totaux. Leur politique concernant la limitation du réchauffement global est inconsistant. Ces sociétés réclament collectivement et publiquement (depuis 2015) l’introduction d’un prix sur les émissions de carbone, mais en même temps, certaines exercent, individuellement, une pression pour le contraire. Leur double-jeu retarde la transition énergétique.

Les gouvernements ont généralement cherché à promouvoir la transition en offrant subventions, crédits, garanties de prix d’électricité et autres bénéfices en contrepartie de l’utilisation de certaines énergies renouvelables, tout en taxant les énergies fossiles. Ces gouvernements ont également, directement ou indirectement, établi des limites sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces efforts ont certainement soutenu la transition. Ce faisant, ils ont accordé des avantages spécifiques à certaines technologies et encouragé certaines filières, ce qui a permis aux entreprises intéressées d’augmenter leurs profits. Par leur spécificité, ces mesures risquent de retarder l’introduction de nouvelles technologies. Certains gouvernements hésitent à instituer, individuellement ou par accord multilatéral, un prix uniforme sur les émissions de GES applicable à tous les secteurs de leur économie. Un tel prix, établi par imposition ou par un système global de plafonnements et d’échanges (« cap-and-trade »), peut accélérer la transition énergétique d’une manière plus efficace et en même temps plus équitable.

A part ceux qui nient l’existence du changement climatique, le grand public ne cesse d’exprimer ses préoccupations relatives au retard dans la lutte contre le processus de réchauffement global. En général, citoyens et citoyennes voudraient accélérer la transition énergétique. Mais ils protestent s’il leur semble que les coûts ou les inconvénients indus sont disproportionnellement à la charge du consommateur ou de certains consommateurs. Il est compréhensible que des voisins n’apprécient pas l’installation, près de chez eux, de nouvelles lignes à haute tension ou autres infrastructures nécessaires à cette transition. Il est également compréhensible que les taxes incitatives soient perçues comme régressives, pénalisant plus lourdement les personnes à faibles revenus. Il est essentiel que notre société supporte équitablement les coûts du changement et les inconvénients de la transition énergétique, avec compensation adéquate pour ceux qui sont spécialement impactés. L’introduction ou l’augmentation d’un prix sur les émissions des GES doivent être compensées par des subventions au bénéfice de la population la plus vulnérable.

John Gault
Chez-les-Reuse

Lien vers l’article en ligne
https://academic.oup.com/jwelb/article/12/4/277/5521067?guestAccessKey=9da327dd-a059-4bfa-adfc-a4a2440e5fb4

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