30 mai 2015

Sur l'expulsion imminente du squat Urtica (Nyon)

Voici un communiqué qui nous est parvenu du collectif "Maison pour tous" à qui nous ouvrons ainsi aujourd'hui nos colonnes.

Réparer, aménager, s'organiser, préparer la terre pour le potager, créer des projets en commun, proposer une alternative de vie, ouvrir un lieu accessible à tous pour expérimenter, apprendre et partager du savoir. Tout ceci dans des maisons inhabitées, laissées à l'abandon la plupart du temps à des fins spéculatives. Le temps d'une procédure civile de quelques mois, suite à une plainte d'un propriétaire qui refuse le plus souvent de discuter avec les occupant(e)s. S'ensuit une intervention du bras armé de l'Etat venu pour expulser, avec la cavalerie lourde et en montrant les dents. Expulsé(e)s, fiché(e)s, traité(e) comme des criminel(le)s, emmené(e)s en garde à vue, menotté(e)s, voilà comment peut se solder une expulsion.

Ensuite, tout est à recommencer, alors que les anciens squatteurs(euses) se retrouvent à nouveau à la rue avec des amendes à payer et que les anciennes bâtisses évacuées restent vides, parfois encore de longues années.

Suite à la dernière expulsion du squat « Petroleum » à Tannay, où la propriété d'un milliardaire reste à présent à l’abandon, une partie des expulsé(e)s vont former le collectif « Maison pour tous » et investissent ce printemps une maisonnette laissée vide depuis 2 ans et qui appartient à la commune de Nyon.

Entre une zone industrielle et un quartier d'immeubles, à la route de Divonne 68, sommeillait donc cette bâtisse qui sera réanimée sous le nom d'« Urtica ». Nous avons la volonté d'y créer un lieu d'expérimentation pour une agriculture autonome, une éducation populaire et s'essayer à vivre moins dépendants du système mortifère et de la contrainte dans lequel nous vivons. Nous avons donc déjà créé un grand potager où nous apprenons et testons différentes techniques d'agriculture naturelle. Ceci dans le but de nous nourrir et de nous émanciper d'une alimentation consumériste et industrielle. Nous avons également proposé des journées de découverte du jardin et de partage d'idées, de savoir. Différents ateliers sont en projet et des repas populaires ont déjà été proposé hebdomadairement. Un magasin d'habits gratuits, une bibliothèque et un infokiosque sont en construction. De part ces activités nous souhaitons rendre accessible un lieu dans la cité pour quiconque seraient à la recherche d'un espace d'expression libre.

Plusieurs demandes de contrat de confiance sur ce lieu squatté ont été formulées de notre part à la commune, mais en face de nous se dresse un mur de mépris, de haine et de silence. Les habitants de l'« Urtica » n'ont reçu aucune plainte de voisinage, mais au contraire propose un lieu où des rencontres avec le voisinage ont déjà eu lieu. Les autorités publiques ont quand même décidé de nous couper l'électricité, de nous pousser à bout en dépensant des sommes indécentes (travaux de 3 jours en ouvrant la route et coupant l'électricité sur réseaux).

Il y a quelques jours et sans préavis, la police municipale est venue nous menacer d'une expulsion imminente car ils invoquent une situation d'urgence. En effet, nous avons du mal à entendre les arguments douteux de la municipalité, qui promet un bail d'une année, signé 1 mois après notre occupation, à un organisme dont la tâche est de reloger des requérant(e)s d'asiles. Voudraient-ils loger des migrant(e)s dans une maison sans électricité car coupée sur réseaux ? Pendant une année le temps de trouver plus de place ? Des requérant(e)s qui n'auraient pas besoin d'être logé(e) si on les laissait vivre la vie qu'ils désirent, si la politique migratoire suisse permettait aux requérant(e)s de vivre dignement et sans être parqué(e)s dans des abris nucléaires ou des petites maisons discrètes où ils vivent surveillés et pleins de contraintes.

Expulser des squatteurs(euses) avec des projets, qui ne dérangent pas le voisinage et qui ont déjà mis tellement d’énergie dans une maison et un jardin, pour faire perdurer une politique d'asile déshumanisante, nous ne l'acceptons pas. Nous n'en pouvons plus d'être délogé(e) deux fois par année et de reconstruire tout après chaque expulsion, nous ne pouvons pas partir encore une fois, il faut que cela cesse. La commune nie les réalités, ne propose aucune alternative, envoie sa police pour étouffer les besoins et projets de certains dans la violence et la haine, avec des outils de communication qui se résument à la répression, le matraquage et le fichage.

Nos poules, nos buttes ensemencées et nous-même ne pouvons pas partir. Nous appelons à la solidarité pour nous permettre de rester et de faire vivre ce lieu qui nous est cher, pour faire vivre l'« Urtica » et lui permettre de s'épanouir.


Le collectif « Maison pour tous », fait à Nyon le 22 mai 2015.

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