6 novembre 2016

Une question qui restera sans doute non résolue


Je me souviens, j’avais 13 ans, j’habitais Monthey et un jour j’ai vu tous les adultes autour de moi devenir très inquiets ; quand j’ai compris de quoi il s’agissait, j’ai partagé la même inquiétude et la même révolte. J’ai eu peur, j’ai craint cette épée de Damoclès qui serait sur ma tête toute ma vie. J’étais consternée : j’avais rien demandé, moi ; et de quel droit on allait mettre, sous terre, mais au beau milieu d’une forêt à côté de ma maison, des déchets qui n’allaient jamais, jamais cesser d’être dangereux ? Et ces têtes intelligentes qui dirigent la Suisse, comment ont-elles pu construire ces centrales nucléaires sans penser une seconde à la question de la gestion des déchets ? J’avais appris à l’école, qu’il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs, et alors, les adultes ne le font pas ?


Au début des années 1980, le projet d’enfouir les déchets moyennement radioactifs produits par les centrales nucléaires suisses, sous une forêt du Chablais, enflamme la région. Après quelques années de débats, le projet est abandonné, mais pour quelle autre forêt en Suisse ?


C’est avec une certaine consternation, mais sans surprise, que je constate aujourd’hui que rien n’a changé et aucune solution n’a été trouvée : le lieu de dépôt à long terme des déchets nucléaires produits en Suisse n’est toujours pas trouvé. Et malheureusement, la solution ne sera pas trouvée d’ici longtemps.


La gestion des déchets nucléaires : une question qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir comme futur à l’échelle humaine : en quarante ans d’exploitation des centrales nucléaires, nous avons produit des déchets nucléaires que nous devrons gérer pendant un million d’année ! L’échelle de temps est à ce point déconnectée de ce que nous pouvons concevoir que des savants sont mis à contribution aujourd’hui pour créer un langage qui parlera à la population terrienne dans 500 mille ans (ou 1 million d’années, quelle différence à notre échelle ?) pour leur dire : attention, pas touche, danger !


Cela ne suffit-il pas pour dire stop le plus rapidement possible à cette énergie qui ne laissera que problèmes insolubles pour les générations futures ?


500 mille ans, cela fait 20 mille générations qui vont se demander pourquoi il a été décidé dans un passé très ancien de stocker des déchets dans la forêt proche de chez elles.


C’est pourquoi, le 27 novembre 2016, je vote oui à l’initiative pour sortir du nucléaire.

Sophie Juon


Note de l'archiviste: Dès 1975 le Chablais avait été pressenti pour un dépôt de déchets radioactifs dans les mines de sel de Bex, puis sous la colline de Glaivaz à Ollon.
Alors qu'en 1983 Ollon se retrouve site prioritaire, les citoyens se prononcent contre le dépôt de déchets radioactifs par 1671 non contre 32 oui (taux de participation: 62 %). En septembre, les Vaudois refusent à leur tour le dépôt de déchets par 74500 voix (69,2 %) contre 33000. Mais le Conseil fédéral passe outre! De nombreuses manifestations populaires ont tentés de bloquer les travaux préliminaires. Source

Entremont Autrement se prononce sur l'initiative « Pour la sortie programmée de l'énergie nucléaire »




1 commentaire:

  1. Bravo et merci Sophie pour cet argumentaire écrit avec le coeur mais aussi la raison. Joli texte qui synthétise avec brio le fond du débat. Il faut le diffuser autrement aussi...et partout.
    PAP

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