2 novembre 2020

Fermer les yeux dans le bac à sable

La page wikipedia dédiée à Cilette Cretton révèle qu'elle écrit son premier article de presse à l’âge de 19 ans (1964), à l’occasion d’un stage d’été passé dans une rédaction locale, celle de la Feuille d’avis du Valais.

Ça me démangeait vraiment d'aller voir et je n'ai pas été déçu. A la veille de son 19 ème anniversaire Cilette D. (= Deslarzes) fait preuve d'une maturité impressionnante.



Ce qui se joue dans l'enfance par la force de l'industrie du loisir inaugure la passivité des masses. Et encore mieux dit: prépare l'homme-masse de plus tard. Celui à qui l'on vend une mythologie du bonheur.
J'y pense tous les jours dans notre société de spectacle et son industrie culturelle main-stream qui nous illusionne jusque dans les loisirs apparemment hauts de gamme qu'elle nous propose. Qui ne nous donne à voir que ce que nous connaissons déjà. Qui sature à tel point l'espace public et pollue notre regard qu'il faut désormais fermer les yeux pour ne jouer qu'au sable.
J'ai trouvé rigolo de republier ce papier accompagné de deux publicités pour des événements qui ne sont pas tout à fait étranger à notre propos.
Le premier est une publicité pour le festival d'été du cinéma de Martigny qui n'était qu'une divertissante action à diffuser les standard avant l'existence du vidéo club et du streaming. L'un des rares événements culturels de l'époque, mais qui a servi de modèle depuis à toute l'offre locale même celle qui est née des années plus tard, quel que soit le genre présenté avec un ordre qui met d'abord en avant les arts conservateurs, riches, patrimoniaux que sont les beaux-arts du dictionnaire, les arts sûrs que sont la grande musique et les grands-interprètes où l'on peut vérifier à chaque seconde que le prix du billet est correct, les arts populaires identitaires comme la lutte, la religion et le folklore, puis la musique du monde, pour sa vertu intégrative et assimiliatrice, enfin le théâtre déjà un peu plus risqué mais forcément à l'abonnement...
Voilà précisément comme on nous crée la mythologie du bonheur dont les jouets grotesques décrits par Cilette n'étaient que les prémices.
Le second est une allusion à l'expo nationale, qui a mon sens démontre que le pays est capable de se donner des outils de questionnement à travers la culture. Et que la chose et trop importante pour la laisser à l'entreprise privée dans la loi du marché,  celle qui croit que l'art est un colifichet dans notre vie méritante ou un bonbon quand elle est triste. Dans la mesure où elle est la condition de l'exercice de la démocratie.

D. Rausis










3 commentaires:

  1. Merci pour ce texte et de l'hommage à Cilette. Elle appréciera ;-)

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    1. Merci Daniel. Ce texte a donc 56 ans. Il a quand même pris quelques rides mais permet aussi de mesurer les progrès accomplis, dont les légos.

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