Un livre retrace le développement de la station bagnarde entre 1900 et 1960 à travers une sélection de cartes postales. Puzzle géant d’une réalité fragmentaire.
Le Musée de Bagnes, en collaboration avec le CREPA, publie un ouvrage présentant l’évolution de Verbier à travers quelque 250 cartes postales, de 1900 à 1960. Un exercice original, qui propose une nouvelle lecture de l’histoire de la station, dont l’évolution à cette époque suscitait à la fois admiration et inquiétude... «Images de Verbier. Les anciennes cartes postales» a également vu le jour grâce aux collections de deux passionnés, François Luisier et Jean-Marie Michellod. A n’en pas douter, le livre devrait rencontrer le même succès que son prédécesseur, «Bagnes en images», paru en 1992, aujourd’hui épuisé.
En 1992 le Musée de Bagnes publiait «Bagnes en images: les anciennes cartes postales». «Cet ouvrage a immédiatement rencontré son public, d’ailleurs il est épuisé depuis plusieurs années» explique Bertrand Deslarzes, délégué culturel de la commune de Bagnes. Lors de la conception de ce premier tome, les auteurs avaient déjà l’idée d’en consacrer un second à Verbier.
Une sélection de 250 images anciennes
Le projet ressurgit en 2008 lors de l’exposition Verbier et Mauvoisin en construction organisée par le Musée de Bagnes. Bertrand Deslarzes reprend alors contact avec deux des collectionneurs qui avaient prêté leurs fonds pour le premier ouvrage: François Luisier et Jean-Marie Michellod. «Ils nous ont proposé quelque 1500 cartes postales. Les séances de sélection ont été difficiles! Nous devions en garder 250 environ.» Trois années de travail ont été nécessaires à l’élaboration de cet ouvrage passionnant que co-signent Bertrand Deslarzes, Jean-Charles Fellay ainsi que les deux collectionneurs.Dater les cartes postales, un exercice parfois difficile
«Images de Verbier. Les anciennes cartes postales», ce sont donc des images, certes, mais aussi et surtout une mise en contexte. A travers des extraits de rapports d’activité des sociétés de remontées mécaniques, des citations de personnages majeurs pour la station, des bribes de messages envoyés par les expéditeurs des cartes, les auteurs renseignent le lecteur sur l’histoire de Verbier et sur son développement entre 1900 et 1960. Un exercice qui a d’abord nécessité la datation des images choisies. «Ca n’a pas toujours été simple, explique Jean-Charles Fellay, secrétaire du CREPA. Très souvent la date émerge du croisement de certaines informations données par l’image, la marque des voitures, la présence ou non d’un bâtiment, etc.» Les collectionneurs s’y sont également mis. «Avant ma retraite, je travaillais au cadastre de la commune, je l’utilisais très souvent pour documenter les cartes postales que j’achetais» raconte François Luisier.Trois années de travail ont ainsi permis la réalisation d’un ouvrage offrant des points de vue méconnus, des images inédites et une nouvelle lecture de l’histoire de Verbier, en sept parties distinctes: une promenade chronologique d’abord, puis une visite des différents lieux de Verbier, la découverte des hôtels de la station et de leur évolution, les sports d’hiver, puis le regard posé sur la population campagnarde locale pour finir sur des images esthétiques et une série de «vis-à-vis», comparaisons de deux prises de vue, un exercice très révélateur de la subjectivité induite par le choix du cadrage.
«Images de Verbier. Les anciennes cartes postales», 272 pages, format 24 x 24 cm, CHF 49.- - En vente au Musée de Bagnes et dans les librairies valaisannes dès le 21 décembre. - Musée de Bagnes, ch. de l’Eglise 13, 1934 Le Châble www.museedebagnes.ch Tél. 027 776 15 25
Un discours récurrent: «Tout se développe trop vite!»
Les images choisies mettent également au jour des éléments méconnus du développement de Verbier, notamment des périodes de forte activité immobilière. «On constate des pics dans les années 50, ce qui est connu, mais aussi avant, dans les années 30, ce qui est déjà plus étonnant puisqu’il s’agissait d’une période de crise en Europe», analyse Bertrand Deslarzes. Les archives consultées montrent également que le sentiment d’être dépassé par la rapide évolution de la station a toujours existé, accompagné d’un désir de conserver une identité... passée», complète Jean-Charles Fellay.Des anecdotes, des rencontres, des moments hors du temps
«Travailler sur cet ouvrage, observer et documenter les cartes postales, fut un travail passionnant. Très proche de l’humain. J’ai particulièrement aimé découvrir dans chaque carte postale «l’instant». Deux personnes assises sur un banc que l’on voit à peine mais qui se retrouvent sur plusieurs images prises à quelques minutes d’intervalle, l’étonnement d’une personne qui découvre qu’elle a été photographiée et qu’elle se retrouve sur une carte postale, etc.» s’enthousiasme Bertrand Deslarzes. Et de citer également le charme de certains commentaires, fussent-ils parfois peu élogieux!... Comme ce commentaire d’un militaire en 1928:Ma chère, Bien arrivé au Châble par une chaleur affreuse. Jamais je n’ai vu un patelin pareil, que des goitreux et des bouseux. L’électricité n’existe pas, c’est tout dire. Vivement le retour, nous partons demain lundi en manœuvre dans la région de la frontière italienne.
D’autres au contraire louent la beauté de la région:
«Un panorama magnifique. Les sentiers sont splendides, beaucoup plus beaux que sur cette carte [256]. Je fais tout en me chauffant au soleil. Quel coin magnifique que Verbier. Le soleil luit à souhait. A 7 heures du soir, on jouit encore d’un plein soleil. Les chalets sont tout ravissants et bien situés, les promenades belles et nombreuses. Et quel bon air!» (Extrait d’une carte postale, envoyée le 26 juillet 1944.)Collectionner, une passion
«J’ai commencé à acheter des cartes postales un peu par hasard, il y a 40 ans. J’étais à l’université à Genève et je flânais parfois dans les allées du marché aux puces. J’y ai acheté mes premières cartes postales du val de Bagnes, par curiosité. Et puis, le virus ne m’a plus quitté.» La collection de François Luisier compte aujourd’hui plus de 3000 cartes anciennes, et le Bagnard continue à l’alimenter même si pour le val de Bagnes, hors Verbier, la quête devient toujours plus difficile tant sa collection est complète. «J’achète toujours pourtant. Comme collectionneur, on cherche tout ce qui sort de l’ordinaire. Cela peut être un élément tout à fait anecdotique, sans valeur documentaire pour la région.» Les textes rédigés par l’expéditeur ou encore le parcours suivi par la carte ont leur intérêt. «En passant par internet, j’ai acheté aux Etats-Unis une carte postale de Verbier qui avait été envoyée de Suisse en Australie. Elle a quasiment fait le tour du monde pour revenir à son lieu d’origine!»Aujourd’hui, le marché des cartes postales passe principalement par le web. Les collectionneurs vont encore de temps en temps dans des bourses et des brocantes, mais l’intérêt des lots vendus dans ces lieux est moindre. «En me connectant récemment sur un site spécialisé, j’ai trouvé plus de 1000 cartes liées à Verbier!» s’exclame encore François Luisier. De quoi alimenter encore quelques années des passionnés comme François Luisier et Jean-Marie Michellod.
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