30 mars 2019

Le Nouvelliste revient une troisième fois sur les dix ans d'Entremont Autrement

On lit sous la plume de Sophie Dorsaz dans le Nouvelliste du jour:


Entremont Autrement a redistribué les cartes 

Politique Dix ans après sa création, Entremont Autrement pèse 18% des voix du district. Le parti a chamboulé l’échiquier politique d’Entremont et a poussé les partis traditionnels à se réinventer.

L’existence d’Entremont Autrement s’est jouée à un cheveu. Un rien aurait suffi à ce que le mouvement ne s’étouffe dans l’œuf. C’était en 2009 lors des élections cantonales. «Aucun de nos candidats n’a été élu. Mais à l’analyse des résultats, nous avons constaté que cela s’était joué à 30 listes près. Ce chiffre nous a redonné de l’espoir et nous a motivés à continuer notre route», se souvient Sophie Juon, présidente du parti. Aujourd’hui, Entremont Autrement représente près d’un cinquième de l’électorat du district. Une ampleur que le PDC, fortement majoritaire dans la vallée, et le PLR étaient loin d’imaginer, mais qui correspond à la force de la gauche au niveau cantonal.

Casser les carcans établis 


Il faut attendre 2012 pour qu’un élu d’Entremont Autrement ne franchisse la porte d’un exécutif. Trois ans après la formation du parti, Urbain Gaillard est élu à Orsières au détriment du PLR et non pas du PDC comme espéré. Entre-temps, les membres «aussi courageux que naïfs» selon les dires de Sophie Juon utilisent le blog pour prendre position sur des objets de votation. Dans la vallée de la résidence secondaire par excellence, ils osent soutenir la lex Weber et remettent en cause un ordre politique établi depuis des décennies dans lequel le PDC régnait en maître. «Entremont Autrement a créé des dissensions dans les familles. Certaines personnes partageaient nos idées mais n’osaient pas nous suivre par peur des conséquences négatives que cela pourrait avoir dans leur vie personnelle ou professionnelle», avance la présidente. Pour l’ancien président de l’UDC en Entremont, Kevin Pellouchoud, au contraire, le mouvement a bénéficié de l’aura de grande famille du district. «Quand on s’appelle Gaillard ou Lovey, c’est plus facile de rassembler que quand on se nomme Pellouchoud.»

L’adversaire politique d’alors reconnaît toutefois qu’Entremont Autrement a su offrir l’alternative attendue par la population au bon moment. «Nous avions senti qu’il fallait contrebalancer les deux blocs PDC-PLR. A cette même période, l’UDC avait l’intention de lancer une liste pour le Grand Conseil mais nous n’étions pas assez organisés.» Même si, sur le fond, Michel Cretton, président du PLR d’Orsières, s’oppose souvent à la formation de centre gauche, sur la forme, il reconnaît qu’elle a enrichi la vie politique d’Entremont. «En démocrate convaincu, je trouve que la concurrence est toujours saine. Ils ont indéniablement amené un nouveau style de communication et nous nous en sommes inspirés en ouvrant à notre tour un blog qui favorise les échanges de points de vue.»

En dix ans d’existence, Entremont Autrement compte quatre conseillers communaux, à Orsières, Liddes, Vollèges et Bagnes, six conseillers généraux à Bagnes, un député au Grand Conseil ainsi qu’un suppléant. En 2016, dans l’ambiance électrique des constructions illicites de Verbier, le parti réussit à évincer l’UDC du législatif bagnard. Un résultat qui surprend la présidente mais pas l’UDC Kevin Pellouchoud. «Nous aurions dû travailler de concert avec Gabriel Luisier ce qui aurait rassemblé et non divisé les voix de la droite… C’était une faute stratégique.»

Antoine Cretton, qui avait vigoureusement critiqué la gestion de ce dossier épineux par les autorités bagnardes, se retrouve donc autour de la table du Conseil. Pour Stéphane Pillet, président du PDC d’Entremont, le jeune parti sait communiquer avec conviction mais ne passe pas forcément de la parole aux actes. «En campagne, ils arrivent avec de grandes idées, mais une fois au sein de l’exécutif, ils se fondent rapidement dans le moule et découvrent qu’il n’est pas si facile de tout révolutionner.»

Un trublion aujourd’hui respecté 


Une remarque qui fait sourire la présidente de la formation. «A l’époque, les partis craignaient que nous ne soyons qu’une force de contestation et ne ferions pas preuve de collégialité au sein d’un exécutif. N’oublions pas que nos élus sont toujours minoritaires et qu’à défaut d’une révolution, nous amenons certainement une évolution sur le plan de la communication ou de la transparence par exemple…»

Le trublion politique outsider s’est aujourd’hui mué en parti institutionnalisé et respecté. Pour les communales de 2020, Entremont Autrement entend gagner un siège à Sembrancher et se renforcer au sein de certains exécutifs comme à Orsières. «Ça nous permettrait d’être plus efficaces encore», conclut Sophie Juon en clin d’œil à ses adversaires.


NF du 30.03.2019

PS. L'archiviste ne se souvient pas que la victoire d'Urbain Gaillard à Orsières avait été "espérée" contre le PDC plutôt que contre le PLR. Le seul espoir déçu de ce jour où Urbain tirait la gueule sur la place d'Orsières était d'avoir perdu la candidate féminine en route. Son témoignage dans le documentaire tourné à cette occasion par Antoine Cretton ne dit rien d'autre.

L'Archiviste

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