24 avril 2015

Quand la construction va, tout va... à vau-l’eau?

La gestion économique d’une commune, d’un canton ou d’un pays n’est jamais une mince affaire. Un nombre élevé de paramètres rentre en ligne de compte à la bonne marche des affaires. Tous ne sont pas maitrisables, comme par exemple le temps pour le tourisme.

Dans notre canton, un adage maintes fois répété consiste à affirmer que quand la construction va, tout va. A force de répétition, cette simple expression est presque devenue un dogme. La construction est LE pilier de l’économie cantonale, LE secteur à protéger voire à soutenir. Malheur est promis à celles et ceux qui osent émettre une certaine réserve sur l’importance à donner à cette branche.

Mais dans la réalité valaisanne de ces 25 dernières années, y-a-t-il effectivement eu corrélation entre l’évolution de la construction et celle des finances cantonales ?

Pour m’en donner une idée plus précise, j’ai élaboré le graphique ci-dessous à partir des comptes de l’Etat du Valais de 1990 à 2014 et des données du Bureau des Métiers sur l’évolution des personnes occupées dans l’artisanat du bâtiment dans le second oeuvre de 1990 à 2013 en Valais.



Un simple coup d’œil sur ces deux courbes permet de constater qu’elles s’opposent l’une à l’autre. Et ainsi, elles nous démontrent qu’il n’y a pas de lien entre la santé du secteur de la construction et la bonne marche des finances cantonales.

Afin de s’en rendre encore mieux compte, j’ai réalisé le second graphique ci-dessous. Dans celui-ci, les comptes annuels de l’Etat du Valais ont été regroupés en fonction du nombre d’emplois dans l’artisanat du bâtiment. Après quoi, une moyenne annuelle a été calculée pour chaque colonne.


Ce second graphique parle de lui-même. Dans les 2 colonnes de gauche se trouve les millions (23.2 avec 2014 /15.7 sans 2014) de pertes moyennes enregistrées par l’Etat du Valais les années ou l’emploi était au plus haut. Dans la 3ème colonne, les pertes (0.8 millions) quand l’emploi était moyen. Et enfin, pendant les 7 années successives ou l’artisanat du bâtiment offrait moins de 8'000 postes de travail, l’Etat du Valais a enregistré une moyenne de 2,7 millions de bénéfices.

Au vu des données de ce dernier quart de siècle, l’ajout de l’interrogation à l’adage en titre ne semble pas superflu. Alors, en Valais, quand la construction va, tout va … à vau l’eau ?


 Urbain


Annexes et sources:




(Extrait du Compte de fonctionnement 2008)





(Extrait de la Présentation du Compte 2014)





(Rapport d'activité Bureau des Métiers 2010)





(Rapport d'activité 2013-14 Fédération des Associations Artisanales du Canton du Valais)

4 commentaires:

  1. Donc si je comprends bien, plus le secteur produit de l'argent et moins l'état en reçoit?
    Pourquoi? L'Etat sponsorise le secteur ou fait-il en sorte que l'argent produit par la construction ne rentre pas dans ses caisses?

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  2. Merci Urbain, c'est très intéressant ! Les entreprises de construction bénéficient-elles de réductions fiscales qui pourraient expliquer une partie du phénomène ?

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  3. à Un passant et à Bernadette,
    Comme énoncé en début de texte, la bonne marche des affaires, qu'elles soient privées ou par ricochet publiques, est liée à un nombre élevé de paramètres rentrant en ligne de compte.
    Le secteur de la construction ne bénéficie d'aucune aide étatique directe ni de réductions fiscales spéciales. L'explication ne peut venir de ce côté.
    L'économie valaisanne se diversifiant de plus en plus, tout comme l'agriculture ou le tourisme, la construction voit diminuer son importance sur le PIB cantonal. D'autant plus que les salaires dans ces secteurs sont clairement en dessous de la moyenne.
    Personnellement, je pense que les baisses fiscales qui se sont succédées ces dernières années n'y sont pas pour rien dans l'évolution négatives des finances de notre canton. Afin de compenser ces pertes de recettes, au lieu de la mise en place d'un contrôle plus soutenu des déclarations fiscales, l'Etat a décidé de donner en 2016 un blanc-seing (aucune amende) à tous les fraudeurs du fisc qui se déclareront et ne leur demanderont que le 20% de l'impôt total dû.
    Ma vision de la justice et de l'équité dans le domaine de la fiscalité se situe actuellement à des années-lumière de celle du ministre des finances et de la droite du canton du Valais.

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  4. Ah, c'est clair que ce serait tout simplement mensonger de mettre la crise des finances valaisannes sur le dos de la méforme de l'économie puisque puisque nos comptes sont en déficit alors que le pib valaisan n'est pas en récession.
    Des erreurs ont été commises dans les réformes fiscales menées, c'est évident!

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