20 avril 2014

Tout travail mérite salaire

Tout travail mérite salaire est un principe qui fait certainement l’unanimité. Par contre, il en va tout autrement pour définir quel salaire mérite chaque travailleur. Certains, dans une position extrême et une proportion marginale, plaident en faveur d’un salaire égal pour tous, voire même pour un revenu garanti pour tous et ce, sans contrepartie. A l’opposé, d’autres, en plus grand nombre mais toujours minoritaire, se font les défenseurs de la loi ‘‘de la jungle’’ où la politique n’a pas à venir mettre de limites à l’indécente des hauts salaires et à l’exploitation éhontée des plus faibles. Entre ces deux extrêmes, existe un gouffre qui laisse largement assez d’espace pour d’innombrables positions sur le sujet.

Il se trouve à coup sûr une majorité de citoyens pour qui, un long parcours universitaire ou sur d’autres bancs de grandes écoles mérite d’être récompensé par un salaire à la hauteur des sacrifices consentis et des capacités nécessaires. Il en est certainement de même pour celui qui, ayant obtenu une maîtrise fédérale à la suite d’un apprentissage manuel mérite une rémunération à la hauteur des compétences requises. Pour une grande partie d’entre-nous, le travail en dehors des heures et des jours de bureau, ou dont la pénibilité est avérée, ou demandant une prise de risque pour la santé, ou encore le travail d’un ouvrier expérimenté à la productivité démontrée méritent également un surplus de rémunération. Il y a certainement une partie non négligeable de la population qui estime que l’âge, le sexe ou même la nationalité peuvent être des motifs de différenciation salariale. Il est bien évident que la grande partie des suisses et suissesses ne se retrouvent pas d’accord sur l’ensemble de cet éventail de critères.

Dans les cas cités précédemment, chacun peut encore y trouver matières à différenciation. Si je ne prends que le premier énoncé, je ne vois pas d’objection à ce que mon médecin mérite un salaire au-dessus de la moyenne par rapport aux études suivis et aux responsabilités lui incombant. Par contre, l’ingénieur en mathématiques utilisant son savoir afin de ‘jouer’ sur les marchés liés à la spéculation sur les denrées alimentaires ne mérite que mon aversion comme salaire. Et cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres.

Une position commune sur une ‘juste’ rétribution de tout travail est évidemment utopique. En cette période de pré-votations, les discussions portent spécialement sur les bas salaires. Et ce qui m’étonne dans les débats actuels, c’est la position des traditionnels grands défenseurs de la Suisse chrétienne, de la Suisse avec pour devise ‘un pour tous, tous pour un’. A entendre leurs arguments, c’est plutôt un plaidoyer pour une économie dont les hommes sont les serviteurs et où dans les faits ‘chacun pour soi’ devient leur devise. Pour moi, tout travail à temps plein mérite un salaire permettant de vivre dignement. Pour moi, le balayeur de rue de nos villes, villages et stations, le vendangeur de notre vignoble, le gardien de moutons sur nos alpages ou la femme de chambres de nos hôtels sont aussi respectables et nécessaires à notre économie, à la préservation de notre patrimoine que le sont l’urbaniste, l’œnologue, le vétérinaire ou le directeur d’office du tourisme. Pour moi, chacun à sa place dans la société, chacun a droit à sa dignité. Si la société actuelle par sa politique salariale ne le permet pas, alors pour moi, elle mérite une adaptation.

C’est pourquoi, je glisserai un double OUI pour des salaires décents lors des votations du 18 mai prochain.

20 avril 2014, Urbain

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