20 novembre 2013

Reconnaître la souffrance d'autrui

Bien que je prenne relativement peu la plume sur ce blog, je me sens obligé aujourd’hui de réagir à la lecture du Matin. Le quotidien titre « La violence dans le couple peut coûter cher ». S’ensuit un article pas particulièrement bon de l’ATS qui regorge de chiffres en tous genres, de statistiques et d’analyses « scientifiques ». On nous dit que les violences conjugales coûtent entre 164 et 287 millions de francs par an (à qui exactement?, le quotidien orange se garde bien de le dire).


Je ne m’appesantirai pas sur la fourchette donnée (123 millions quand même) qui est parfaitement ridicule. Autant dire que les auteurs de l’étude ne savent pas combien cela coûte.

Ce qui me choque profondément, c’est la manière dont nous analysons des situations familiales aujourd’hui: il faut des chiffres, des statistiques, des pourcentages, des graphiques, … bref, tous les apparats de la science pour parler d’une problématique qui fait souffrir des milliers de personnes. Qu’on vienne m’expliquer ce que cela change que les violences domestiques coûtent 5 ou 500 millions de francs par année! Les femmes battues ne sont-elles intéressantes que parce qu’elles coûtent de l’argent? Doit-on se préoccuper du problème uniquement « par mesure d’économie »?

Je m’offusque depuis des années de la légèreté de ces études académiques qui ne font que compiler des données, des nombres pour les insérer ensuite dans des tableaux et les représenter sous forme de schémas! Le problème est que personne ne parle des causes de ces violences: on préfère livrer des statistiques! Personne n’analyse réellement les situations vécues. Pour le dire autrement, on cherche à quantifier, mais en aucun cas à expliquer et à changer les choses.

Ayons le courage de reconnaître les horreurs vécues au quotidien par des dizaines de milliers de femmes et ne faisons - par pitié! - plus uniquement allusion aux coûts engendrés.

Quand on devient incapable, derrière le calcul des coûts engendrés, de reconnaître la souffrance d’autrui, alors effectivement, on a définitivement vendu notre humanité.

J. Lovey

2 commentaires:

  1. Même titre ce mercredi dans la Liberté: "La violence conjugale coûte cher à la société"

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  2. J'ai aussi été écoeurée par ces titres. La violence envers les femmes est tellement banalisée à l'heure actuelle, c'est effrayant. Parler de cette horreur en termes de chiffres est tout simplement ignoble.

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