6 juin 2018

Jeux Olympiques: retombées touristiques et retombées économiques



Je me suis refusé jusqu'à maintenant à publier qqch sur Sion 2026, considérant que nos fils d'actualité croulent déjà sous la masse de posts pour ou anti.

Cependant j'ai remarqué, dans ce que j'ai eu l'occasion de voir passer, que les références à la littérature scientifique sur le sujet n'ont que trop peu été utilisées.

Voici donc des extraits d'un papier publié dans la revue du FMI en 2010 écrit par Andrew Zimbalist, professeur d'économie, titulaire de la chaire Robert A. Woods au Smith College.

J'ai sélectionnée trois passages, le premier concernant les retombées touristiques, le deuxième les retombées économiques et le troisième étant le mot final de l'article:

" En pratique, c’est souvent différent. Ainsi, l’un des objectifs des Jeux de Sydney était de renforcer les flux touristiques après les Jeux, mais, comme le dit Graham Matthews, ancien prévisionniste au Ministère des finances australien : «Grâce aux Jeux, nous nous sommes sentis bien, grisés et électrisés, mais, objectivement, il est difficile de savoir s’il y a eu des retombées positives directes au plan international de cette brève visibilité» (Burton, 2003). Ritchie et Smith (1991) ont mené une étude sur la connaissance des sites olympiques par les Européens et les Nord-Américains.
Ayant sondé par téléphone plusieurs milliers de personnes entre 1986 et 1989, ils conclurent que moins de 10 % des résidents nordaméricains interrogés et moins de 30 % des Européens se souvenaient qu’Innsbruck (Autriche) avait accueilli les Jeux d’hiver de 1976. Seuls 28 % des Nord-Américains et 24 % des Européens interrogés se souvenaient que les Jeux d’hiver de 1980 avaient eu lieu à Lake Placid, dans l’État de New York. D’autres études ont montré qu’en 1991 presque plus personne ne se souvenait que les Jeux d’hiver de 1988 s’étaient tenus à Calgary (Matheson, 2008). Lorsque les Jeux s’accompagnent de mauvais temps, de pollution, d’affaires politiques ou d’actes terroristes, ils peuvent même porter atteinte à la réputation du lieu. Les autres grands événements sportifs, comme le Super Bowl ou la Coupe du monde, connaissent des dynamiques économiques similaires bien que les dépenses d’équipement soient bien moindres."

(...)

"Il y a peu d’informations objectives confirmant l’impact économique des Jeux olympiques et des autres grands événements sportifs. Dans l’ensemble, les études existantes ont été rédigées par les villes et régions hôtes, qui ont un intérêt à justifier l’ampleur des dépenses liées à ces événements, et comportent de nombreux défauts. Pour obtenir des informations plus fiables, mieux vaut se référer aux estimations de l’impact économique faites dans les études scientifiques déjà publiées. Les auteurs n’ont aucun intérêt personnel à la réussite des événements et le processus d’examen par les pairs permet de vérifier les méthodes et les hypothèses utilisées. Ces études font apparaître l’impact économique suivant : bien qu’un petit nombre d’emplois soient créés à l’occasion des Jeux, il ne semble pas y avoir d’effet visible sur les revenus, ce qui semble indiquer que les travailleurs n’en profitent pas (Hagn and Maennig, 2009; Matheson, 2009). De plus, l’effet des Jeux, qui n’est pas toujours positif, dépend de la réaction du marché du travail à la création de ces nouveaux emplois (Humphreys and Zimbalist, 2008). Il semble que l’impact économique de l’organisation de la Coupe du monde, si tant est qu’il y en ait un, est encore moindre (Hagn and Maennig, 2008, 2009)"

(...)

"La valeur économique et non économique de l’organisation de grands événements sportifs comme les Jeux olympiques est complexe et varie d’un lieu à l’autre. Il est impossible de tirer des conclusions simples de cette analyse, mais les villes candidates aux prochains Jeux olympiques d’hiver — Annecy (France), Munich (Allemagne) et Pyeongchang (Corée du Sud) — et les nombreuses villes candidates aux Jeux d’été de 2020 feraient bien d’éviter le battage olympique et d’analyser à froid les objectifs de développement à long terme de leurs régions." (Zimbalist; 2010)

ABE, on se retrouve le 10 juin.

Baptiste Fellay

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