19 juillet 2017

Résidents sans cité*

En Suisse, nous avons la chance de vivre dans une démocratie.

Vraiment?

D’après l’Office fédéral des migrations, en 2010, 1,7 million de personnes d’origine étrangère vivent en Suisse (soit 22% de la population). La plupart d’entre elles sont parfaitement familiarisées avec les us et coutumes locaux: 860'000 d’entre elles vivent dans notre pays depuis plus de 10 ans et 350'000 sont même nées dans notre pays. Aucune d’entre elles n’a le droit de vote.

La commune de Bagnes compte parmi ses résidents 45 % de bourgeois de Bagnes, 10% de Valaisans "non-bourgeois" et 15 % de Confédérés. Le solde des habitants, 30%, correspond à la population étrangère au bénéfice d'un permis B ou C.  Parmi ces 30%, 16.39 % sont détenteurs d’un permis C. Aucun d’entre eux n’ont le droit de vote. (Source)


Tous ont des devoirs.
Les personnes dont je parle ici sont certains de nos amis d’enfance. Ils sont d’origine étrangère mais leur accent bagnard prouve qu’une partie de leurs racines sont ici. Ils ont suivi les cours de civisme au cycle d'orientation, mais n’ont jamais eu l’occasion de prendre part aux décisions politiques de leur commune. Nos collègues que nous connaissons depuis 20 ans, qui participent à la vie économique de la commune, qui paient leurs impôts mais à qui nous ne demandons jamais leur avis. Nos conjoints qui ont créé un foyer ici. Nos amis qui sont tombés amoureux de cette vallée et qui ont choisi de faire leur vie ici. Nos serveuses, nos secrétaires, nos maçons, nos pompiers, nos médecins, nos cuisiniers, nos professeurs, nos…, nos…

Toutes ces personnes vivent ici mais n’ont pas de voix.
Il est temps que ces personnes sans passeport à croix blanche soient écoutées. Que leur potentiel et leur savoir-faire soient mis au profit de la société. Que nous, citoyens, comprenions ce qu’elles nous apportent; que nous comprenions que la participation politique constitue un facteur important de cohésion sociale.
A son article 39 alinéa 1, la Constitution fédérale dispose que les cantons règlent, dans leur Constitution, l’exercice des droits politiques pour les questions cantonales et communales. Ce qui signifie que chaque canton et chaque commune peut édicter ses propres réglementations dans le cadre de ce droit cantonal. Certains cantons tels que Appenzell-Rhodes extérieures, Bâle-Ville et les Grisons prévoient une telle possibilité, en conférant aux communes la compétence d’accorder à la population des droits politiques sur le plan communal. Ce n'est malheureusement pas le cas en Valais. Une Constituante valaisanne pourrait décider d'accorder ce droit de cité, à certaines conditions, aux personnes étrangères.

Marie Oreiller
Conseillère générale à Bagnes

* au sens de "polis", la cité grecque, communauté de citoyens

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