19 septembre 2016

Initiative populaire « Pour une économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte) »

Comme bien souvent les questions d’écologie divisent la société suisse entre une droite craintive et une gauche jugée le plus souvent beaucoup trop enthousiaste. L’initiative populaire pour une économie verte n’y fait pas exception et chaque bord va de son petit calcul et de ses menaces pour effrayer les Suisses. Les Verts nous font savoir que, si l’on ne fait rien, le monde est perdu ! En effet, si l’on appliquait la consommation des Suisses à celle de l’entier de la planète, nous exploiterions l’équivalent de trois planètes terres ! Economie Suisse inquiète l’électorat en prétendant que la viande et le chauffage deviendront des denrées rares pour ne pas dire inexistantes et enfin viennent les climatosceptiques qui assènent que, de toute façon, l’homme n’est pas responsable du réchauffement climatique.

Il est donc difficile dans tout ce fatras d’opinion de se faire un avis sur la question sans paraître excessif. Cette initiative n’a pas pour but de faire diminuer de manière drastique le confort des Suisses mais cherche à sensibiliser la population aux excès que notre mode de vie, que l’obsolescence programmée de nos possessions, que les industries polluantes commettent. Loin d’être une accusation, elle soulève la question des moyens sans forcément y répondre. Quelques pistes sont données à travers des privilèges fiscaux pour les bons élèves, et des taxes supplémentaires pour les mauvais, une aide à la recherche et au développement est également mise en avant. Mais ce ne sont que des pistes et le flou fournit par l’initiative permet les pires extrapolations qui sont évidemment la privation de viande et d’eau chaude pour tous.

Sauf que des solutions viables et réelles, mises en œuvre ailleurs sur terre fonctionnent. Si l’initiative propose une économie circulaire pour éviter le gaspillage des matières produites et ainsi une diminution des déchets, il existe déjà des villes et des déchetteries, notamment aux USA, qui pratiquent déjà un tri strict et un recyclage normé qui permet à la ville de San Francisco de viser l’objectif « zéro déchet ». Le compostage est une part énorme de l’amélioration du traitement des déchets à San Francisco, mais il est loin d’être une contrainte économique puisque le Hilton économise 250.000 dollars de frais de prélèvement des ordures. Tout est réutilisé, jusqu’à l’eau de rinçage des lave-vaisselles qui sert à arroser les plantes. San Francisco n’est pas la seule ville à s’être lancée sur cette voie et il y a encore d’autres exemples à citer : Milan, Durban, Roubaix, etc. Ainsi, même si la Suisse n’a pas à rougir de sa capacité et de son taux de recyclage de 54%, on reste loin de celui de 75% que San Francisco a fixé pour ses entreprises.

Le recyclage n’est pas une des seules solutions qu’une économie verte doit envisager. Les entreprises se doivent d’être responsabilisées dans le traitement des matières premières qu’elles effectuent mais aussi dans la distribution. Un matériel à l’obsolescence programmée est une catastrophe d’un point de vue écologique. Si le matériel produit dure plus longtemps, si l’on incite les personnes possédant ce genre de matériel à le réparer plutôt qu’à en acheter un autre, on évite l’effet « c’est cassé, à la poubelle ». Ainsi, en investissant dans les objets produits durablement, on augmente leur temps de vie et on évite un gaspillage dû à la production de plusieurs mêmes produits pour un consommateur alors qu’un seul aurait suffi. Évidemment ce n’est pas du goût des entreprises qui voient en l’obsolescence de leurs produits le moyen de s’enrichir assurément, mais la société de l’éphémère et du gaspillage est impossible au sein d’une économie durable, ce que tous les bords politiques reconnaissent d’ailleurs.

Un autre point est à envisager afin d’obtenir une économie circulaire : les emballages. Plastiques, cartons, mixtes, ils envahissent tous les domaines de la vie et finissent généralement à la poubelle. La question est simple, est-ce que tous ces emballages sont utiles ? Y a-t-il moyen de les recycler ? La Suisse réfléchit actuellement à la question du recyclage du plastique vu que celui-ci n’est pas très répandu dans notre pays. Cela fait bientôt vingt ans que la Confédération mise sur le recyclage en y incitant ses citoyens, notamment dans certains cantons avec le sac poubelle à taxe. Il faut se demander ce qu’il reste dans la poubelle une fois les déchets compostables, l’aluminium, le papier et carton, le textile, le verre enlevés. La majorité des déchets restant sont issus du plastique. Si la question du recyclage de celui-ci est importante, la question de son utilité peut apparaître aussi : pourquoi utiliser autant de plastique ? Les sacs plastiques se sont empilés dans les maisons, il en faut pour tout : acheter les fruits et les légumes, des vêtements, des chaussures, puisqu’il faut même mettre leur carton dans un sac plastique ! Tout ce gaspillage d’emballage plastique ou cartonné peut bien souvent être évité et la plastification de certains de nos produits alimentaires restent une question centrale pour certaines entreprises de production.

Ces trois aspects du recyclage : le but zéro déchet ou une économie circulaire avec la réutilisation de matières recyclées, la durabilité des produits vendus ainsi que la réflexion de l’utilité de l’emballage sont des pistes pour des solutions d’avenir. Il n’est nullement question d’absence d’eau chaude ou encore de contraintes puissantes envers les ménages. Des idées, il en existe d’autres évidemment : la diminution de la consommation de viande, et non sa disparition, est déjà envisagée par la Chine qui cherche ainsi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi l’obésité et le diabète. Une agriculture plus responsable et locale est également une solution à la surconsommation alimentaire actuelle et acheter des fruits et légumes régionaux de saison n’est pas toujours si cher que ce qu’on le croit.

Finalement, une économie verte passe par le changement de nos habitudes, pas par des privations immenses. L’économie d’eau, d’électricité, le recyclage sont déjà des préoccupations claires des Suisses, pourquoi ne pas leur donner un petit coup de pouce le 25 septembre ?

Jasmine Lovey

Sources :

http://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/33866/chine-veut-diminuer-sa-consommation-de-viande-de-50

http://www.gruene.ch/gruene/fr/campagnes/economie_verte.html

http://www.bafu.admin.ch/umwelt/indikatoren/08484/08653/index.html?lang=fr

http://www.consoglobe.com/de-san-francisco-roubaix-ces-villes-zero-dechet-100-citoyen-cg

https://www.solidarites.ch/journal/d/article/7594

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