Antoine Cretton s'est adressé au PLR: Osez l'ouverture!

En tant que fils de bons libéraux, on m'a permis de choisir mon parti et on ne m'a pas imposé de religion!

Monsieur le président du PLR,
Je suis navré de vous le dire mais vous allez perdre ces élections, croyez bien que je suis le premier à le regretter.
Vous êtes un jeune libéral, en tant que tel vous ne portez pas toute la responsabilité dans la perte future de cette élection. Vous venez de faire alliance avec le parti radical et on sait que dans toute alliance, c'est pour le meilleur et aussi pour le pire.
Quelques chiffres d'abord: les résultats du parti radical aux élections fédérales n'arrêtent pas de baisser depuis bientôt 20 ans.
En 1991 vous étiez à 26%, en 2007 vous arrivez à peine à 15% et, avec les apparentements, un tout petit 18%. C'est peu, beaucoup trop peu pour espérer pouvoir reconquérir le deuxième siège que vous avez perdu en 1999.

On peut parler du déclin historique, ça a été dit et redit, le parti radical a un passé glorieux: c'est lui qui a introduit le suffrage universel, l'état fédéral, l'AVS, toutes les institutions démocratiques, toutes les grandes régies fédérales etc.
Entre les héritiers de la révolution, auxquels s'identifiaient vos ancêtres et la classe politique libérale-radicale d'aujourd'hui, il n'y a pas photo!
Vos idéologues invoquent souvent ce passé, mais parlent beaucoup moins volontiers de l'acharnement systématique de leurs successeurs à démanteler tout ce qui a été entrepris depuis lors.
Les premiers radicaux voulaient un état fort, leurs successeurs n'ont pas cessé de répéter "Moins d'état!"
En Valais vous aviez tenté "Le Virage à Gauche" qui était davantage dans la ligne historique du parti, et ça vous a permis d'ailleurs d'élire un deuxième conseiller national, mais malheureusement ça n'a pas duré. Vous savez, monsieur le président, que ça a déçu beaucoup de radicaux qui croyaient aux principes fondateurs de votre parti, et aujourd'hui ces gens préfèrent se tourner vers des partis de centre-gauche plutôt que de voter pour vous!

Vous avez aussi un déficit d'image.
Le PLR se définit comme le parti de l'économie, mais sa vision de l'économie c'est quoi? C'est l'argent, les banques, des actionnaires qui créent des entreprises et qui donnent du travail aux ouvriers. En réalité, on sait que ce sont les employés et les ouvriers qui font fonctionner les entreprises qui permettent aux managers de se servir des salaires disproportionnés et de partir avec des parachutes dorés quand ils ont mis les entreprises en faillite.
Les citoyens et spécialement les jeunes et les femmes ne peuvent plus s'identifier à ce parti de l'économie et par conséquent votre base électorale a de la peine à se renouveler.
Le PLR est également mal barré avec ses alliances, je pense tout particulièrement aux liaisons dangereuses que vos collègues d'autres cantons ont entreprises surtout en Suisse alémanique avec un certain parti d'extrême-droite.
Aujourd'hui vous cherchez un allié fort, vous parlez de le trouver auprès du PDC. Comment allez-vous expliquer à vos électeurs que les adversaires contre lesquels ils se sont battus avec acharnement devraient devenir les alliés potentiels de demain?
Monsieur le président, une dernière chose que je pourrais vous dire c'est que votre tâche ne va pas être facile dans les prochaines semaines, je ne veux pas trop en rajouter, mais si les perspectives vous paraissent trop déprimantes, n'hésitez pas "Osez l'ouverture."

Dimanche 4 septembre 2011 pour Canal9, diffusion une semaine plus tard.
Publié d'abord sur le site Ouverture.