Changeons notre philosophie du tourisme

Il nous faut changer la philosophie même du tourisme en Entremont. Fini de faire les singes à la merci du moindre caprice de millionnaires mal-léchés. Nous sommes chez nous et les touristes viennent nous rendre visite avec toutes les règles de bienséance que cela comporte. Notre terre doit rester notre bien le plus cher. La vendre aux étrangers ne nous amènera nul part. Nous voulons attirer une clientèle aisée et lui vendre en plus de la beauté de nos paysages, le calme qui devrait aller avec. Si à Verbier l'on avait un peu «pressenti» ce qui se passait, n'aurait-on pas dû se tranquilliser et construire des chalets sur une période de 150 ans et en plus créer une station où les gens aisés ne se retrouveraient pas entassés comme des cornichons dans leur bocal. Est-ce que quelques architectes, bureaux d'ingénieurs, hommes politiques ou grands patrons d'entreprises auraient un intérêt à ce que les choses se passent si vite? L'ouvrier lui n'a qu'à s'adapter au rythme de forcené qui lui est imposé. Et surtout, il prend la plus petite part du gâteau, alors que c'est lui qui réalise le travail. On se croirait au Moyen-Age. L'ouvrier entremontant devrait avoir le droit de profiter de la situation économique incroyable qui règne dans notre district depuis plusieurs années maintenant. Notamment par des ambiances de travail confortables, avec des horaires légers et des marges satisfaisantes pour réaliser ses différentes tâches. Partons du principe que nos ouvriers sont des artisans spécialistes de la construction de chalets de luxe au lieu de les prendre pour des tâcherons sans compétences. Nous avons été affolés par l'argent. Nous ne savons pas encore vraiment le faire circuler. Voilà qui redonnerait confiance au consommateur-prolo en période de crise. Un cadre de vie agréable avec un patron respectueux, des plans de travail qui savent s'adapter à la météo, à la saison... Des ouvriers qui se sentent réellement concernés par la bonne marche de l'entreprise. On dit que le patron a de grandes responsabilités. C'est vrai. Mais n'oublions pas que l'ouvrier a toujours eu les siennes car c'est bien lui qui se retrouve à creuser, à mesurer, à couper, à soulever, à visser, à clouer, et tout cela, pour le bien de l'entreprise et donc pour le bien de sa Sainteté l'Economie.

Construisons, mais construisons intelligemment! Car il y a le marchand de tomates(!) qui brade ses légumes en prétendant en posséder des réserves infinies et il y a celui qui vend chaque tomate en soutenant qu'elle a une valeur unique. A nous de choisir quels vendeurs nous voulons être. Et à nous d'être solidaires pour empêcher les casseurs de prix de saboter un marché prospère sur le long terme.

Pour que le Val Ferret ou Bruson ne ressemble pas à Verbier dans vingt ans, pour préserver nos richesses les plus importantes, votez la liste Entremont Autrement !

Et Vive les tomates !

Julien Pouget