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17 juin 2009

En visite à l'hôpital.

Je rends visite régulièrement à une collègue hospitalisée au CHUV, suite à un accident grave. Elle a 50 ans, enjouée. sportive, rarement malade. Elle est dans une chambre au 14ème étage, avec une belle vue sur le Lavaux, et sur ses trois congénères, d’autres femmes, toutes âgées de plus de 75 ans.

En souriant, je lui demande comment ça va dans son EMS….

Et dans ma tête, je pense….

• A la réflexion de Christophe Darbellay, montrant du doigt les deux dernières années de nos vies, qui coûtent les plus chères en terme de santé : mais que font ces personnes âgées dans cet hôpital de pointe ? Leur place n’est-elle pas dans un EMS, à attendre la fin, sans trop coûter à la société ?

• A toutes les personnes hospitalisées pour un cancer des poumons, anciens fumeurs ? que dirait-on si santé suisse préconisait la réduction de moitié de leur prise en charge, sous prétexte d’une augmentation intentionnelle des risques de santé ?

• A toutes les personnes atteintes de maladie cardio-vasculaire, dues dans la plupart des cas à une mauvaise hygiène de vie, c’est-à-dire à l’abus d’alcool, à une mauvaise alimentation ou à l’absence de sport ?

• Aux personnes ayant dans leurs ancêtres, leurs familles des gênes prédisposant certaines maladies ?

Où notre société veut-elle mettre la limite, entre une gestion saine de la santé de tous ses citoyens, tous égaux devant l’accès aux soins, et un système d’exclusion ou de limitation de la prise en charge des mauvais risques ?

Va-t-on vers une société de personnes saines, sportives et génétiquement parfaites, toutes garantes d’un système de santé dans les chiffres noirs ?

Où est la limite entre un système prônant une forme d’individualisme et un système basé sur la solidarité entre les jeunes et les vieux, les malades et les biens portants, les personnes menant une vie saine et celles prenant des risques,? Si nous voulons exclure ou pénaliser les mauvais risques du système de santé, ne favorisons-nous pas un système où seules les personnes saines et sans risques auront un accès illimité aux soins ? L'étape ultime de cette pensée n'est-elle pas la fin de la liberté individuelle, une forme de déresponsabilisation des citoyens, classés et soignés selon leur état de santé ?

Gageons que ces réflexions sont bien loin de ma collègue, et que sa première préoccupation est de guérir vite pour pouvoir rapidement sortir de sa chambre au 14ème étage du CHUV, pour retrouver une vie active, son chez-soi et son travail.

Sophie Juon, Liddes

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