Si l’un des combats des femmes est de ne pas sombrer dans une forme d’objectivation du féminin, nous voilà bien mal parties. Le 8 mars n’est pas une date commerciale ayant pour but d’attirer des individus dotés d’un utérus à se sentir tout à coup importants ou ciblés par une journée symbolique leur rappelant leur différence. Nous n’avons pas besoin d’une journée qui nous explique ce que c’est que d’être une femme. Le quotidien nous montre suffisamment que nous ne sommes pas comme l’autre moitié de la population: victimes de harcèlement de rue, de discrimination à l’embauche, bonnes cuisinières, mauvaises gestionnaires, pas douées en mathématiques et en sciences, sensibles et irrationnelles, sujettes à des sautes d’humeur… Les clichés vont bon train et rien ne semble pouvoir les changer.
Le 8 mars n’est pas une journée qui devrait nous rappeler que nous sommes des femmes et que l’égalité n’est pas atteinte, le 8 mars devrait être la journée qui sert d’électrochoc aux hommes, qui les forcent à nous regarder et à considérer que malgré nos combats, bon nombre d’entre eux n’ont pas encore découvert que nous étions leurs égales. Je ne veux pas vivre dans une société qui apprendra aux générations féminines à venir à jouer à la dinette, à accepter comme le faisait savoir cet eurodéputé polonais que la femme était plus faible que l’homme, à ne pas se battre pour être considérées avec le respect dû à l’égalité entre deux individus. Je ne veux pas vivre dans une société qui présente le 8 mars comme une occasion dans l’année d’offrir des fleurs. Je ne veux pas vivre dans une société qui oublie que le 8 mars est une date symbolique, que ce symbole ne sera aboli que le jour où la société ne sera plus composée d’hommes et ensuite de femmes, mais d’individus. Je veux vivre dans une société où la Constitution et son article 8 alinéa 3 seront respectés.
En définitive, le 8 mars n’est pas la journée DE la femme, c’est une journée POUR les droits de la femme qui doit nous permettre d’espérer qu’un jour, dans un laps de temps pas si éloigné que cela, les mots deviendront des actes.
« L’homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité de droit et de fait, en particulier dans les domaines de la famille, de la formation et du travail. L’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale. »
"L’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale"
RépondreSupprimerJe dois avouer que cela me choque que l'on ose prétendre que la Constitution est respectée sur ce point.
Merci pour cet article.
Merci Jasmine ! La lutte continue pour le salaire égal et aussi contre les violences domestiques qui augmentent partout, contre l'image de femmes objets ou nunuches dans la publicité et au cinéma, contre le sexisme qui reprend du poil de la bête partout, dans les cours de récré, dans les discussions au bistrot, sur les réseaux sociaux, dans les gags à deux balles, etc..
RépondreSupprimerBravo et merci Madame Lovey, tout est dit ! Votre texte devrait être placardé dans les écoles ! (au minimum)
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