8 septembre 2015

Tribune libre de Barbara Lanthemann

En 1971, les femmes suisses ont obtenu le droit de vote. J’avais alors 6 ans et bien d’autres préoccupations moins militantes. Mais forcément, je fais partie de ces privilégiées qui, une fois leurs 18 ans révolus, ont pu glisser dans l’urne leurs opinions, et leurs choix de candidat-es.

Est-ce un réflexe identitaire, un automatisme de défense ? J’ai quasiment toujours voté pour des femmes lors d’élections. Je n’ai a ce jour pas compris pourquoi si peu d’entre elles ont été élues, malgré leurs compétences, leur dynamisme et leur engagement.

L’éviction de Christiane Brunner et l’élection de Ruth Dreyfuss ont marqué mon parcours de citoyenne. La démission d’Elisabeth Kopp m’avait profondément troublée alors, un homme aurait-il consenti à avouer ce faux-pas ? Aurait-il quitté son poste ensuite ? Mystère… L’expulsion de Ruth Metzler au profit d’un politicien transparent est toute aussi déplorable. On remercie au passage les Lady Killer qui ont œuvré dans les coulisses au profit de leurs collègues…

Les femmes élues aux plus hautes fonctions ont prouvé leurs mérites et leurs aptitudes. Ruth Dreyfuss, Simonetta Sommaruga, Micheline Calmy Rey pour ne citer que les élues socialistes, ont largement contribué à donner à la Suisse des figures qui imposent le respect, bien au-delà de nos frontières.

C’est donc avec une certaine amertume que je regarde aujourd’hui les listes principales pour les élections fédérales. Le Valais, une fois encore, fait mauvaise figure. Le PDC romand présente une femme, et une autre pour la liste du Haut. Le PLR du canton, une femme. L’UDC, une femme. Le PS, deux femmes. Les listes apparentées sont un peu plus équilibrées, maigre soulagement me direz-vous. Pour ces élections fédérales, 50 femmes et 123 hommes se présentent pour le conseil national.

Mais alors, où sont les femmes ? N’y en a-t-il pas ? Il existe pourtant dans les travées du parlement cantonal ou dans les communes valaisannes quelques personnalités féminines qui au fil des années, se sont imposées par leurs compétences, leurs connaissances des dossiers, leur aptitude à dialoguer, négocier, présider des commissions…

La presse valaisanne, entre pronostics et mathématiques, se détermine déjà. A croire le rédacteur en chef du Nouvelliste, sur les 50 en lice seules 2 à 3 femmes, PDC et UDC (???), ont une chance d’être élues. On se demande alors forcément si cette étude incongrue est un parti pris ou simplement une analyse basée sur des suppositions boiteuses. On s’interroge sur le rôle de la presse qui, volontairement ou pas, met systématiquement en lumière les candidatures masculines, plus particulièrement les « vedettes », et fait l’impasse sur les photos des candidates de gauche lors d’un article sur la réforme de l’AVS. On s’étonne de voir figurer sur une page du quotidien représentant toutes les candidats-es la seule parlementaire valaisanne en fonction en 7ème position, alors que son nom commence par la première lettre de l’alphabet.

Certaines femmes le reconnaissent volontiers, figurer sur une liste pour réaliser un pseudo équilibre, et risquer ensuite un score décevant, ne les séduit pas. Ou plus. D’autres avant elles ont accepté ce défi et encaissé sans broncher… Aujourd’hui, les femmes candidates ne sont plus, ne veulent plus être des alibis. Elles en veulent tout autant que leurs collègues masculins.

Encore faudra-t-il que les électeurs, et permettez-moi de souligner, les électrices, inscrivent ces femmes sur les listes, voire les cumulent. Et c’est là que tout se décidera.

Le 18 octobre, nous saurons si les Valaisannes et Valaisans sont prêts-es à accorder leur confiance aux femmes pour représenter le canton à Berne. Aucune excuse ne sera valable si tel n’était pas le cas.

Mon engagement en faveur de l’égalité fait immanquablement partie de mes thèmes de campagne. L’égalité hommes femmes, mais également l’égalité de droit pour les minorités, pour les personnes en situation de handicap, et pour les migrants. Parmi les nombreux sujets qui me préoccupent, celui-ci ne peut tout simplement pas être éludé.

Qu’une nation qui, comme la Suisse, se prétend garante des droits humains ne soit pas en mesure d’assurer à chaque citoyenne et citoyen une égalité de traitement est absurde. Il en va de même pour l’égalité des chances, l’égalité face aux soins, dans la formation et sur le lieu de travail. Il en va de même pour l’équité fiscale, pour une plus juste répartition des richesses.

Pour les électeurs de l’alliance de gauche, il suffira d’inscrire une seconde fois mon nom sur une liste. Simplement. Je vous en serai reconnaissante et poursuivrai mon engagement, sans relâche.

Barbara Lanthemann
Candidate PS au Conseil national sur la liste n°2

1 commentaire:

  1. Merci pour cet article.
    Pour ce qui est des listes apparentées, il n'est pas inutile de rappeler que le Centre Gauche - PCS a quatre femmes sur sa liste; c'est le rôle des partis de trouver des femmes compétentes et motivées pour se porter candidates.

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